STARFINDER

À L’ASSAUT DES GOBELINS DE L’ESPACE

ESPACE, FRONTIÈRE DE L’INFINI, VOICI LES VOYAGES DE L’INTRÉPIDE SOCIÉTÉ DES EXPLORATEURS D’ÉTOILES. LEUR MISSION? EXPLORER LES CONFINS DES MONDES DU PACTE ET… NON, ATTENDEZ, CE N’EST PAS LE BON GÉNÉRIQUE. REPRENONS!

Starfinder
Type: Jeu de rôle
Traduction: Black Book Édition
Éditeur: Paizo
Disponibilité: boutique pour le format papier et pdf sur le site de l’éditeur
Genre: Pathfinder dans l’espace

TRAITS
Background:
-Aventures dans l’espace des mondes du pacte
-La société des explorateurs d’étoile a besoin de vous
-Monstres tentaculaires en option

Gameplay:
-Construction du personnage en classe plus archétype
-Jeu d’aventure à niveau

Produit:
-US LETTER ; couverture cartonnée, 520 pages
-Papier glacé tout couleur et largement illustré

Au premier plan, une équipe de vaillants aventuriers combattent des hordes morts-vivantes pour défendre leur monde, Golarion. Puis la caméra recule, elle monte vers le ciel, perce les nuages et se retourne vers l’espace qui entoure la planète. D’autres mondes deviennent visibles, jusqu’à ce que notre oeil embrasse un système solaire entier. Puis, lorsqu’elle replonge vers l’emplacement de la planète, une station spatiale bouillonnante de vie accueille à sa place d’innombrables vaisseaux, peuples et machines. Des aventuriers débarquent d’une navette et peuvent lire sur un écran vacillant: bienvenue sur la station Absalom. Bienvenue dans Starfinder, le jeu d’aventure spatiale de Paizo, traduit en français par Black Book Edition.

Aventures spatiales et XP cosmiques
Dans Starfinder, vous pourrez jouer des aventures spatiales dans un monde où cohabitent la magie et la science, des peuples exotiques et des classes de personnages jusque-là inconnues. Des monstres bizarres se dresseront sur votre chemin alors que vous découvrirez de nouvelles planètes, que vous explorerez des conspirations politiques ou que vous affronterez les carcasses gelées de vaisseaux hantés. Vous l’aurez compris, Starfinder est l’adaptation SF de Pathfinder, le célèbre jeu d’aventure, descendant du bon vieux D & D 3.5.

Dans Starfinder, vous ne jouerez pas un guerrier nain ou un ensorceleur demi-elfe, mais plutôt un Soldat Androïde ou un Technomancien Shirren (un peuple insectoïde). Si vous dégainez votre fidèle lame, elle sera probablement augmentée d’un champ électrique ou d’un tranchant monomoléculaire. Si vous explorez la nécropole de la vile Gorda Len, vous la trouverez sur un astéroïde dérivant dans le vide. Starfinder nous propose de transposer les aventures fantastiques des univers médiévaux-fantastiques à un contexte interstellaire dépaysant.

Du vieux pour faire du neuf?
Vous retrouverez ici les bases de ce que vous appréciez ou détestiez dans Pathfinder. Des personnages définis par un niveau, une classe de personnage et un peuple. On y retrouve les six caractéristiques, des compétences, des jets de sauvegarde et une classe d’armure (en fait deux), c’est à dire l’ensemble de l’arsenal technique qui équipait les ancêtres du jeu. C’est un système lourd mais qui permet des choix tactiques à la fois pendant la création de personnage et pendant le jeu.

Le jeu propose tout de même quelques innovations par rapport à ce canon. Prenons par exemple le système de point de vie. Le jeu introduit ici un cadre de règle supplémentaire par rapport à ses prédécesseurs: les personnages disposent de points de vie, de points d’endurance et de points de persévérance. Lorsqu’un personnage subit des dégâts suite à un tir de pistolaser ou une décharge d’énergie d’un technomancien, il commencera par perdre ses points d’endurance. Ce n’est qu’une fois qu’ils auront disparu que les points de vie du personnage seront entamés, représentant des blessures graves. Lorsqu’il prend le temps de souffler, le joueur peut dépenser un point de persévérance de son personnage pour regagner ses points d’endurance et repartir affronter le danger comme de rien était. Les points de vie restent inchangés tant qu’ils n’ont pas été soignés par magie ou par une longue convalescence. Les points de persévérance reviennent quant à eux après un repos de 8 h.

On peut comparer ce système à celui qui a été adopté par la dernière édition de D & D (les personnages disposent d’une réserve de dés de vie qu’ils peuvent dépenser lors de leurs repos courts pour régénérer leurs points de vie et qui reviennent en partie lors de leurs repos longs). Starfinder propose un niveau de granularité supplémentaire, qui permet peut être une meilleure représentation de ce qui arrive au personnage là où D & D prend aujourd’hui le parti d’une abstraction plus grande. C’est en fait un assez bon exemple de la divergence entre les deux systèmes de jeu. Dans le cas de D & D, les concepteurs ont récemment choisi simplification et abstraction, conservant des sensations de jeu similaires mais en accentuant l’aspect narratif du jeu. Alors que dans le cas de Starfinder, on conserve les détails, on améliore la gestion de cette granularité propre au jeu tactique. Dans les deux cas, le système de jeu vous permet de vous sentir héroïque, même dès les premiers niveaux.

Starfinder nous propose de nombreux autres aménagements de règles pour profiter du contexte spatial et futuriste du jeu, comme une pléthore d’équipements et d’implants ou la possibilité de customiser l’ordinateur de votre perso pour gérer les hacks. Vous trouverez évidemment des profils de vaisseaux spatiaux ainsi que les règles qui les accompagnent comme le combat spatial, des règles de poursuite en véhicule. On pourra aussi noter que la magie a été en partie retravaillée, s’étendant désormais sur six niveaux au lieu de neuf, sans perdre pour autant de puissance.

Astéroïdes et Anguilles géantes
Après lecture du livre de base du jeu et l’organisation d’un test autour d’une table de joueurs habitués de Pathfinder et de toutes les éditions de D & D, le jeu a remporté un franc succès. L’adaptation aux changements de règles a été très rapide. La découverte de l’univers de jeu fut agréable, un mélange relativement harmonieux d’éléments connus et de nouveautés spécifiques. Les participants ont pu faire des personnages attachants sans difficultés particulières. Bien sûr, naviguer dans les nouvelles options de jeu, l’équipement et les classes différentes a pris un peu de temps, mais c’est en général le prix à payer pour le niveau de détails attendus pour des personnages de ce système.

On peut s’interroger sur la nécessité d’un nouveau système de règles, d’un jeu différent alors que c’est surtout le contexte qui change. Certes l’équipement est différent, la magie et le système de points de vie changent par exemple, mais les changements sont en fait à peine suffisants pour justifier ce choix. On pourrait y voir plutôt une mise à jour du système de jeu original et un dépoussiérage de nombreux éléments mécaniques. C’est en quelque sorte un pont entre la première édition de Pathfinder et la seconde édition du jeu à paraître en aout 2019 (en VO).

Starfinder n’est d’ailleurs pas le premier essai du genre, les premières éditions de D & D proposaient des modules étranges dans lesquels des aliens et leurs lasers pouvaient faire irruption dans le contexte medfan classique. TSR proposa même à une époque d’explorer l’espace à bord de vaisseaux magiques, les spelljammers. Avant même la naissance de Pathfinder on trouvait des suppléments de compagnies tierces proposant des aventures spatiales comme Dragonstar de Fantasy Flight Games (publié en 2001) qui proposait déjà androïdes et technomanciens, implants et flingues surpuissants avec les règles du système D20 et la même licence OGL qu’utilise aujourd’hui Starfinder.

Si on juge Starfinder pour ce qu’il est: l’adaptation d’un univers de jeu et de règles connues à un contexte susceptible de fournir un renouveau et une touche de science-fiction à des groupes déjà conquis par Pathfinder, alors le jeu est indéniablement une réussite et promet de belles heures de jeu dans les mondes du pacte. En revanche, si vous voulez découvrir un jeu de SF, voire de science-fantasy, original, permettant d’aborder des thématiques chères aux littératures du genre, ce n’est probablement pas le meilleur choix.

Julien POUARD

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