VOUS ENTREZ DANS UNE AUBERGE
Episode 4
Vous êtes entrés dans une auberge, et vos ennuis ont commencé. Vous avez trop bu, trop mangé, et n’avez pas de quoi payer. Heureusement, l’aubergiste est loyal-bon et vous propose un marché: «Un soir de plonge et on est quittes.
— Mais on était venus pour l’aventure, pas pour récurer des assiettes, se lamente le roublard.
— Ça devrait facilement vous rapporter deux-trois PX, précise l’aubergiste.
— Génial, se réjouit le barbare.
— Et la petite fée qu’on devait sauver, s’interroge le prêtre. Que va-t-elle devenir?
— Ne vous inquiétez pas pour elle, rassure l’aubergiste. Cette mission est déjà prise. Par des aventuriers d’Estasie. Ils acceptent de travailler pour seulement 10 PO de récompense, et sans couverture sociale.» À ces mots, le barbare s’esclaffe.
«Pourquoi tu ris? s’indigne le prêtre.
— Parce que je pense à la tête de Gaston (Cf. épisodes précédents), quand il verra que sa commission ne s’élève qu’à, euh…»
Il se gratte le haut du crâne. Amis aventuriers, sauriez-vous dire combien font 15 % de 10 PO? Si oui, une voie de comptable s’offre à vous. Sinon, il y a toujours un tablier à prendre.
— Quelle indignité, se plaint le roublard.
— C’est la vie, commente l’aubergiste. C’est pas facile. Surtout pour nous, les PNJ. Personne ne pense à nous. Pourtant, n’avons-nous pas une âme, comme tout le monde? N’avons-nous pas rêvé, nous aussi, de partir un jour à l’aventure pour sauver des princesses? Et quand nous le faisons, la plupart du temps, c’est juste pour accompagner de “vrais” aventuriers, qui ne sont même pas fichus de nous accorder une “vraie” part de trésor. Seulement quelques piécettes de cuivre, lâchées du bout des doigts.»
Le rouge lui monte aux joues. Pour un peu, il grimperait presque sur un tonneau pour distribuer des tracts. «Nous réclamons une part de trésor et de points d’expérience au moins équivalente à celle des aventuriers, pour toutes les expéditions auxquelles nous participons. Des aventuriers qui se soucient du sort des fées et des princesses ne devraient pas moins avoir à coeur le sort des PNJ! Il y va aussi de leur intérêt. Pourquoi voudraient-ils que le MJ les respecte, eux, s’ils se fichent de nous?
— Bien parlé, rétorque le barbare enthousiaste. On est toujours le PNJ de quelqu’un.
— Donc, c’est bon pour les assiettes?» Vous échangez un regard. «Vous n’auriez pas plutôt des rats dans votre cave, dont vous aimeriez qu’on vous débarrasse? s’enquiert le roublard.
— Hélas, fait l’aubergiste, plusieurs groupes s’en occupent déjà. J’attends juste qu’ils reviennent.
— Ça fait longtemps qu’ils sont partis? demande le magicien.
— Quelques semaines. Sinon, j’ai des escargots qui me ravagent mon potager. Bon, que faites-vous?»
Le mage se racle la gorge et déclare: «Merci, mais les limaces ce n’est pas pour nous. On prend les assiettes. Un simple sort de Domestique invisible, et le problème sera réglé.»
Vous partez donc pour les cuisines, où la fumée est beaucoup plus dense que dans la salle principale. On y entend ronfler des fours, bouillir des marmites, ruisseler des viandes, et hacher des légumes — à moins que ça ne soit des doigts? Une jeune elfe vient à votre rencontre: «Vous êtes venus pour la plonge?
— On est des aventuriers en fait, explique le roublard.
— Mais oui, mais oui…», répond l’elfe en vous conduisant vers une montagne de vaisselle sale dont le sommet disparaît dans un nuage de vapeurs grasses. «Un sort de niveau 0 ne va peut-être pas suffire», s’inquiète le prêtre.
Choupette