NEPHILIM LÉGENDE

À CAUSE D’UNE BUSE

 

«Mon trésor à qui saura le prendre!» – Olivier Levasseur, dernières paroles

 

AUTEUR: Stéphane Nicoulaud
ILLUSTRATION: © Mnémos
ÉDITEUR: Mnémos

 

SYNOPSIS
Depuis trois siècles, l’énigme qui mènerait au légendaire trésor du pirate «la Buse» reste irrésolue. Alors quand un objet lui ayant appartenu leur est ravi, les PJ poursuivent le voleur jusqu’à la Réunion. Là, ils se retrouvent au milieu d’un drame qui se joue entre un pauvre hère possédé par le fantôme du célèbre pirate, l’Immortel qui fut son amant, le Selenim qui les a réunis le temps de quelques jours, et le serviteur de ce dernier qui complote contre son maître avec une chapelle des Mystères de l’Occident fondée par une figure criminelle appartenant au folklore de l’île. Ce scénario trouve une partie de son inspiration de la nouvelle Kapali, la légende du Chien des cannes de William Cali.

 

SCENARIO

Lé loin la Réunion

Introduction
L’histoire commence à la librairie de l’Incunable Souveraineté.
«L’administration dans toute sa splendeur! Tout était prêt, le catalogue imprimé, et je reçois une lettre de Bercy ordonnant d’annuler la vente. Cela fait un an que la
succession est clôturée et c’est maintenant qu’elle se réveille.
– Pour quel motif ?
– Origine douteuse de plusieurs pièces. Bien sûr que les origines peuvent être
douteuses, le défunt était chasseur de trésor. Mais tout était en règle: registre, taxes… les lots sont intéressants mais n’ont rien d’exceptionnel!»

La personne qui râle auprès d’un des libraires est Carole Desmarais, un commissaire-priseur et cliente régulière que les PJ connaissent de vue.

«Intéressant n’est-ce pas?» murmure le Dr Parangon à l’un des PJ qui écoute la conversation. Après quelques secondes de flottement, le vieux libraire lui tend une brochure, avant de retourner dans son bureau.

La brochure est le catalogue d’une vente aux enchères prévue dans quelques jours en l’étude de Carole sise à Nogent-sur-Marne. La collection provient de la succession d’un chasseur de trésors nommé Jean-Paul Haurige, et rassemble de nombreux objets, armes et monnaies provenant d’épaves, carnets de notes, cartes d’époques… sans grande valeur patrimoniale.

Deux pièces attirent toutefois l’attention des PJ. La première est une médaille militaire de l’ordre du Christ, retrouvée dans une épave au fond d’une crique malgache, très abîmée par son séjour dans l’eau. La seconde est une boussole de poche en laiton, authentifiée du début XVIIIe siècle et acquise dans une brocante à Saint-Pierre de la Réunion, décorée de motifs alchimiques représentant un mariage symbolique entre un rapace et une chèvre.

 

Recherches préalables
La succession Haurige
La carrière de cet obscur chasseur de trésor, décédé il y a deux ans des suites d’un cancer, est accessible sur Internet. Défenseur de la thèse selon laquelle le trésor des Templiers fut mis en sécurité dans les colonies des Indes orientales portugaises avant de tomber aux mains des Frères de la Côte écumant l’océan Indien, il était également l’un des nombreux chercheurs du trésor de la Buse. La vente de ses biens a été confiée par son fils Yves à Carole Desmarais. Celui-ci n’a aucune connaissance pouvant intéresser les PJ.

 

La légende de la Buse
Olivier Levasseur dit la Buse était un pirate français qui écuma l’océan Indien au début du XVIIIe siècle après avoir fait ses premières armes dans les Caraïbes. Il fut pendu à Saint-Denis de la Réunion en 1730. Au moment de monter sur l’échafaud, il jeta à la foule un document comportant les instructions pour trouver son trésor, à condition d’en déchiffrer le cryptogramme. À ce jour, l’énigme reste toujours irrésolue et cette chasse au trésor passionne encore car la Buse a, d’après les historiens, effectué la plus importante prise de l’histoire de la piraterie quand il s’est emparé de la Vierge du Cap, le navire amiral de la marine portugaise qui ramenait à Lisbonne le vice-roi des Indes orientales ainsi que les richesses amassées dans les colonies au cours des dix dernières années, dont la mythique croix de Goa, un crucifix en or de deux mètres de haut incrusté de joyaux.

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDECarole Desmarais
Personne intègre d’après le personnel de la librairie de l’Incunable Souveraineté, Carole, comme à son habitude, a pris soin de faire expertiser toutes les pièces proposées à la vente et s’est assurée qu’elles sont issues de campagnes de fouille dûment accréditées. Elle ne comprend donc pas le revirement de
Bercy qui réclame de nouvelles expertises.

La boussole est la pièce maîtresse de la vente car en parfait état, puisque n’ayant pas été trouvée sous l’eau. Dans un de ses carnets, Haurige écrit être convaincu que la boussole a appartenu à la Buse. Carole n’a pas fait inscrire cela dans le catalogue, mais espère bien cibler ceux qui se passionnent pour la recherche du célèbre trésor, et que cela fera monter les enchères.

 

L’ordre du Christ
Après la dissolution de l’ordre du Temple, le roi du Portugal Denis Ier obtint du pape le transfert des biens portugais des Templiers à l’ordre du Christ nouvellement créé. Au XVe siècle, sous l’impulsion du Grand-Maître Henri dit «le Navigateur», l’ordre ouvrit une phase d’exploration et de conquête de l’Afrique jusqu’à l’Inde, faisant des Templiers portugais les architectes de l’empire colonial du pays.

Côté occulte, l’ordre du Christ est une des obédiences ayant reçu la garde d’une partie du trésor des Templiers (Savoir ésotérique Templiers / degré 5 ou Quête ésotérique Trésor des Templiers / degré 1).

 

Le ministère des Finances
Les PJ qui ont joué le scénario Le trésor des Templiers (cf. Livre III Les Templiers) ou qui ont 2 degrés dans cette Quête ésotérique, savent qu’une obédience de Manteaux noirs du Temple véritable, missionnée pour rechercher le trésor perdu, utilise certains services de Bercy comme couverture.

 

L’Alchimie
Les alchimistes adeptes du Cinabre (OEuvre au Blanc / degrés 3 mini.) savent que pour Esméralda, la chèvre représente la fidélité. Quant aux PJ ayant un Vécu lié à la littérature française du XIXe siècle, l’association Alchimie/chèvre leur fait penser à Djalil, la chèvre d’Esméralda d’après le roman de Victor Hugo.

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDELes Frères de la côte
Les PJ ayant un Vécu lié aux Frères de la côte savent que la chèvre et le rapace font référence à l’histoire d’amour entre la Buse et la Carita. Cette dernière, que l’histoire a oubliée, fut une grande amie de Barbe Noire, et suivit la Buse dans l’océan Indien après l’éradication de la piraterie dans les Caraïbes. Cette information est également accessible aux Arpenteurs d’Arcadia intimes avec le quartier de La Rochelle (cf. Livre XII Le Compact d’Arcadia).

 

Une pirate amoureuse
Lors de son passage chez les Frères de la côte, Esméralda s’enticha d’Olivier Levasseur, un pirate français encore méconnu à l’époque. À la fin des années 1710, quand le gouverneur des Bahamas Wood Rogers éradiqua la piraterie dans les Caraïbes à coups de pardons royaux et d’opérations militaires, Esméralda (connue sous le nom de la Carita à cette époque) et son amant fuirent vers l’océan Indien où les promesses de liberté et d’aventure étaient encore intactes. Ils s’établirent sur la côte orientale de Madagascar. Olivier retrouva là un commandement de navire et réalisa ses premiers hauts faits d’armes.

Entre-temps, la colonie portugaise de Goa faisait face aux menaces de plus en plus pressantes de l’Empire marathe voisin, et l’ordre du Christ décida de rapatrier en Europe le précieux trésor mis en sécurité sous ces latitudes deux siècles plus tôt. Dès ses premières confrontations avec les Portugais, Esméralda détecta la présence templière dans l’océan Indien. Quand en 1721, elle apprit que le vice-roi et sa cour préparaient leur retour à Lisbonne, la Buse et elle établirent un plan pour capturer le navire amiral lors de ce voyage. La renommée du pirate français fut faite avec cette prise historique, et sa tête chèrement mise à prix. Comme Esméralda s’y attendait, une part du butin comprenait des artéfacts ésotériques qu’elle se réserva, non sans faire quelques entorses aux règles de partage des Frères de la côte, ce qui lui attira quelques inimitiés au sein de l’équipage. Elle dut prendre ses distances avec Olivier.

La Buse fut capturée en 1729 à Madagascar puis livré aux autorités françaises de l’île Bourbon (la Réunion). Le procès fut expéditif et le pirate pendu le 7 juillet 1730. Prévenue trop tard, Esméralda ne put se porter au secours de son ancien amant.

 

L’histoire ne s’arrête pas là.
Un jour qu’elle se recueillait sur la tombe de la Buse située dans le cimetière marin de Saint-Paul de la Réunion, Esméralda fit la connaissance de Kapali, un Selenim zoomorphe incarné dans un loup. Ce dernier qui appréciait la compagnie du défunt pirate, offrit à la Carita et à son ancien amant quelques heures de retrouvailles en permettant à l’esprit d’Olivier de s’incarner dans le corps d’un vivant. L’expérience fut renouvelée à l’occasion des venues de la Carita. Malheureusement, même pour les morts le temps est un ennemi, et malgré la présence stimulante et régulière de la Carita, l’essence d’Olivier sombrait inexorablement vers dans le néant. Kapali ne pouvait désormais plus lui ramener Olivier, sauf peut-être s’il pouvait disposer d’un objet à forte valeur sentimentale. La Bohémienne pensa alors à la boussole, un artefact alchimique, qu’elle avait offert à son amant, et se mit à sa recherche.

 

Vol à Nogent
Seuil RK: 4
Un matin, les PJ reçoivent un appel du commissaire-priseur qui semble un peu gênée. Elle leur apprend que son étude a été cambriolée la nuit passée et que plusieurs éléments de la succession Haurige ont été volés, en particulier la somptueuse boussole. Elle a signalé le vol à la police et des agents sont actuellement sur place. Elle marque quelques hésitations avant de préciser qu’aucune trace d’effraction n’a été relevée et que malgré des images de vidéo surveillance extérieure où l’on voit quelqu’un s’introduire dans l’étude, les policiers ont émis de désagréables remarques sous-entendant qu’elle pourrait être complice. La gêne est à son paroxysme quand elle leur demande leur aide pour apporter un regard neuf sur la situation, suite aux recommandations du Dr Parangon.

À ce stade, la police ne partage pas d’information, même si l’un des PJ se fait passer pour l’avocat de Carole. Cette dernière leur montre les images enregistrées par la caméra pointée vers la porte d’entrée et la rue: un taxi (sigle de la compagnie et numéro du véhicule bien visibles) s’arrête en face de l’étude, le passager, silhouette féminine, visage caché par la capuche d’un sweat, en descend, met quelques secondes pour s’introduire à l’intérieur par la porte d’entrée comme si elle avait les clés (d’où les soupçons de la police), en ressort vingt minutes plus tard et puis remonte dans le taxi qui repart. La séquence est horodatée autour de 5 h 30.

Carole précise que l’alarme est en panne, alors qu’elle s’est bien mise en route hier soir quand elle est partie. Comme sur la porte, aucun signe d’effraction, aucun fil coupé… «C’est un cauchemar!»

Il n’y a aucun indice physique ni magique sur la porte. L’alarme quant à elle est encore sous l’action d’un effet magique, d’où sa «panne». Il est visible en vision-Ka, et les alchimistes reconnaissent l’action d’une substance sans pouvoir toutefois identifier sa nature. Si les PJ n’ont pas l’idée de la vision-Ka, faite sonner l’alarme après un petit moment. L’effet ne sera cependant plus visible. La voleuse en question n’est autre qu’Esméralda.

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDE

 

Vol pour Saint-Denis
Retrouver le chauffeur de taxi est assez simple. Avec de bons arguments, ce dernier raconte à nouveau avec une pointe d’agacement ce qu’il a déjà affirmé aux policiers. Il a pris en charge sa passagère boulevard Raspail à Paris, l’a conduite à l’adresse qu’elle lui a indiquée à Nogent-sur-Marne puis l’a déposée au terminal ouest de l’aéroport d’Orly à 6 h 15. La passagère n’a pas parlé si ce n’est pour donner ses différentes instructions et lui demander de ne pas trop tarder à rejoindre l’aéroport car son vol était à 7 h 30. La description physique qu’il fait de sa cliente est assez pauvre: femme caucasienne brune qui parle sans accent. Elle portait des lunettes de soleil et un vêtement à capuche.

En consultant le site d’Aéroports de Paris, les PJ recensent trois vols programmés à 7 h 30 ce jour au départ d’Orly ouest, l’un est à destination de Saint-Denis de la Réunion. Si cela ne suffit pas à motiver les PJ à prendre une place sur le prochain vol pour Saint-Denis, Carole les appelle pour leur signaler qu’elle a trouvé à son étude une médaille de saint Expédit qui a dû être oubliée par le voleur, car il n’y a rien de tel dans son inventaire du moment. Elle ajoute que saint Expédit est particulièrement prié à la Réunion.

 

Bienvenue au pei
Seuil RK : 7 (sauf mention contraire)

Règlement de comptes à Saint-Paul
La durée d’un vol Paris – Saint-Denis est de 11 heures, le décalage horaire est de + 2 heures. À leur arrivée, les PJ peuvent s’informer sur quelques faits divers et apprendre que deux personnes ont été tuées dans le cimetière marin de Saint-Paul, là même où se situe la tombe de la Buse. Les faits se sont déroulés vers minuit heure locale (22 h 00, heure de métropole) soit 3 h 30 après l’arrivée du vol d’Esméralda.

Les médias supputent un règlement de compte entre trafiquants. Plusieurs coups de feu ont été entendus. De plus, les corps de deux victimes auraient été horriblement mutilés, et un suspect connu des services de police a été interné à l’hôpital psychiatrique de Saint-Paul en état de délire paranoïaque sévère, probablement dû au crack.

 

Lumière sur l’affaire
Au début du XXe siècle, une série de faits divers défièrent la chronique. Une bande de voleurs menée par un sorcier créole s’introduisait de façon mystérieuse dans les maisons sans en réveiller les occupants. La psychose fut à son comble quand les voleurs se mirent à égorger leurs victimes pour boire leur sang. Ces criminels, surnommés les Buveurs de sang, finirent par se faire arrêter. Des deux meneurs, Saint-Ange le sorcier tisaneur fut condamné au bagne et mourut à Cayenne, quant à Sitarane, le malbare, le vampire de la Réunion, il fut guillotiné juste après avoir reçu le baptême. Sitarane, qui mourut ainsi vierge de tout péché, est depuis considéré comme, un bondié, et fait l’objet d’un véritable culte, comme le démontrent les nombreuses offrandes faites encore aujourd’hui sur sa tombe située au cimetière de Saint-Pierre.

Côté occulte, Sitarane, originaire du Mozambique, était un initié des Mystères de l’Occident tombé sous l’emprise de Saint-Ange, qui en exploita les quelques connaissances occultes sans vraiment les comprendre. Quelques années après la fin de leur épopée sanglante, un des nouveaux adorateurs de Sitarane fit un pèlerinage au Mozambique sur le lieu natal de ce dernier où il fut initié aux Mystères. Quand il rentra à la Réunion des années plus tard, il donna corps à la Chapelle des Buveurs de sang et se fit à son tour appeler Saint-Ange. Le pèlerinage initiatique au Mozambique est dès lors devenu une tradition pour chaque futur Saint-Ange. Dans la pure tradition de l’Occident, la Chapelle chercha ensuite à se rapprocher du bébèt Kapali identifié comme Selenim, pour le servir et le vénérer.

Si certains Selenim savourent cette servitude obséquieuse, source d’un assouvissement garanti, Kapali n’est pas de ceux-là. Il répondit d’une façon on ne peut plus clair quand l’envoyé de la Chapelle fut retrouvé marchant hagard dans un champ de cannes à sucre la tête arrachée. Cela ne refroidit pas Saint-Ange qui réitéra sa tentative. Kapali, voyant que ce dernier était déterminé, accepta finalement l’allégeance des Mystes, ne serait-ce que pour garder un oeil sur eux afin d’éviter les débordements du temps de Sitarane. Dès lors, il traita avec les Buveurs de sang exclusivement par l’entremise de son serviteur Sans Repos, François Caron, qui se faisait passer pour le Selenim auprès des Mystes.

Dernièrement, l’existence des Buveurs de sang a été perturbée par l’arrivée dans l’île d’un Nécrophore, un initié de l’Occident du 6e grade, dont l’ultime épreuve pour accéder au 7e et dernier grade consiste ni plus ni moins à arracher le Noyau d’un Maudit. Quand le Nécrophore rencontra Caron, pensant avoir affaire au Selenim qu’il souhaitait jauger, le Myste découvrit rapidement la supercherie et retourna le serviteur, lui promettant la poursuite de sa non-vie, libre.

Né au XVIIIe siècle, Caron est un chasseur de marrons que Kapali a transformé en Sans Repos pour le punir de ses crimes. La rage de vivre de Caron a fait qu’il n’a jamais supplié son maître de mettre fin à cette existence, contrariant la punition initialement prévue, se montrant même des plus serviles. L’offre du Nécrophore fut inespérée, ainsi Caron informa le Myste de la participation prochaine de son maître à un rituel au cimetière marin, moment qui serait propice pour capturer Kapali.

Les retrouvailles des anciens amants tournèrent ainsi court quand les Buveurs de sang leur tombèrent dessus. Le Selenim et l’Agarthienne se défendirent chèrement. Deux Mystes furent dévorés par l’Imago du Maudit, un loup anthropomorphe gigantesque et plusieurs autres blessés par Esméralda. Kapali fut également blessé, et son Ka-Lune Noire ayant été en grande partie vidé par le rituel d’incarnation et le combat, l’entropie le guettait. Esméralda et lui parvinrent à s’enfuir, mais ils furent séparés d’Olivier, tout juste incarné dans une petite frappe assez beau garçon sur qui l’Hydrim avait jeté son dévolu. Il fut ramassé par la police quelques heures plus tard, alors qu’il errait hagard et couvert de sang dans les rues de Saint-Paul.

 

L’hôpital psychiatrique
Seuil RK: 5

Jean Grondin, l’hôte du Ka-Soleil résiduel de la Buse, est interné à l’unité psychiatrique du centre hospitalier de Saint-Paul. Principal suspect dans la tuerie qui a eu lieu quelques heures plus tôt, il est considéré comme dangereux et n’a pas droit aux visites. Encore faudrait-il que les PJ connaissent le nom du suspect, ce qui n’a pas été mentionné par les médias. L’information peut s’obtenir subtilement auprès d’un personnel médical de l’unité (par corruption, persuasion…), qui rajoute, après avoir fourni le nom et l’emplacement approximatif de la chambre, tout en faisant un signe de croix: «Il va finir par nous attirer le mauvais oeil, à invoquer le serviteur du Malin!» avec l’accent créole.

Reste à pénétrer dans l’unité, par le sas de sécurité de l’accueil de jour avec son agent qui s’enquiert du motif de la visite secondé d’un vigile, ou par les passages réservés au personnel dont les verrous peuvent sauter grâce à des badges magnétiques, tout comme la porte de la chambre de Jean. Ce dernier est assommé par une forte dose de tranquillisants. Il ne peut marcher seul, mais peut tout de même s’exprimer en bafouillant. Si les PJ se font remarquer avant d’avoir mis la main sur Jean, ils sont poliment mais fermement invités à partir. S’ils sont en train d’emmener Jean avec eux, les vigiles sont prévenus et ces derniers tentent de ralentir les PJ avant que la police arrive.

 

Le cimetière marin de Saint-Paul
Le cimetière se situe en bordure de la longue plage de sable noir de Saint-Paul. Le portail d’entrée est actuellement entravé de ruban «scène de crime», mais il suffit d’enjamber le petit muret d’enceinte pour rentrer. La tombe de la Buse est facilement identifiable d’après les photos circulant sur Internet, de plus, de nombreuses tâches et flaques de sang séché sont disséminées dans les allées et sur les tombes avoisinantes.

Les PJ ne sont pas les seuls curieux à traîner dans le coin. Lucien Hoarau, un correspondant local de la revue «Mondes occultes», une publication fumeuse, scrute méticuleusement les lieux. Pour lui cela ne fait aucun doute, le chien qui a dévoré les deux victimes est Kapali, le familier démoniaque de l’âme errante d’un chasseur de marrons, un terrible bébèt qui généralement hante plutôt le nord-est de l’île et plus particulièrement les champs de cannes à sucre de Bois-rouge près de Sainte-Suzanne (voir ci-après). Suite à la tuerie, il est persuadé de l’existence d’un lien entre Kapali et la Buse. «Et j’ai appris qu’un suspect avait été arrêté!».

 

La légende de Kapali
Qu’elle soit glanée auprès des gramounes, de Lucien Hoarau, ou dans un vieux livre, la légende de Kapali est globalement la même. C’est l’histoire d’un chasseur de marrons, reconnaissable à son collier d’oreilles, sinistre tradition des chasseurs d’esclaves, qui ne repose pas en paix et qui hante les champs de Bois-Rouge avec son chien démon, Kapali.

Dans les années 60, un couple de cafres se présentent de nuit dans un service d’urgences, tous les deux ont eu les oreilles arrachées et semblent avoir perdu la raison. Ils clament avoir été attaqués par le diable accompagné d’un chien démoniaque. Intrigué, le médecin zoreil qui les soigna se rendit la nuit suivante dans les champs de cannes de Bois-Rouge avant de rentrer chez lui. Quand sa femme le vit, elle hurla de terreur tandis qu’il alla s’asseoir sur le canapé d’extérieur. Il n’avait plus de tête.

 

Bois-Rouge
Bois-Rouge est un lieu-dit situé entre Sainte-Suzanne et Saint-André sur la côte nord-est, connu pour son temple tamoul, son usine sucrière et ses champs de cannes réputés hantés. Si pour la majorité des locaux ce sont des histoires pour effrayer la marmaille, quelques gramounes prennent encore la chose très au sérieux et ne sauraient que trop mettre en garde l’imprudent contre le chasseur d’esclaves qui arrache les oreilles des cafres et son chien tueur de zoreils.

En vision-Ka, les champs de Lune se révèlent parasités par de nombreux filaments noirs. Les champs maudits sont ici ascendants et relativement oppressants, recouvrant une vaste zone de plusieurs km².

Ici, Olivier arrive à reprendre plus facilement le contrôle de son corps d’accueil. De plus il parvient à entendre légèrement la Pavane («N’oyez-vous pas cette musique envoûtante? Elle est triste à déprimer un fier équipage»). À la demande des PJ, il peut en déterminer grossièrement la provenance: le temple tamoul, point focal des champs de Lune Noire.

Dans l’enceinte du temple, très fréquenté en journée, les PJ sont rapidement abordés par Caron qui reconnaît le corps d’emprunt d’Olivier. Idem de nuit, Caron attendant les Buveurs de sang. Dès qu’il l’aperçoit, Olivier se rue sur le Sans Repos, lui demandant: «Lé où ma Carita? Lé où Kapali?» avant de s’effondrer à terre. Caron a usé d’une poudre jaune préparée par Saint-Ange à partir de datura, une plante riche en alcaloïde surnommée herbe des sorciers. Olivier/Jean va dormir plusieurs heures.

Après les avoir rassurés sur l’innocuité de la poudre, Caron s’enquiert de ses interlocuteurs: identité, motivations, connaissances de la situation, implication. L’objectif étant de leur donner un os à ronger pour les éloigner tout en gardant Olivier avec lui. Une fois débarrassé des PJ, Caron charge Olivier toujours inconscient dans son vieux fourgon puis informe les Buveurs de sang de l’endroit où se rendent ces potentiels gêneurs. Il prend ensuite la route de Saint-Paul pour le livrer aux Mystes.

 

Les Buveurs de sang
Des recherches rapides sur le web donnent les informations résumées dans le paragraphe «Le dessous des cartes». Si les PJ s’interrogent plus en détail sur les pouvoirs magiques de Saint-Ange, ajoutez que les assassins diffusaient une poudre jaune dans la maison de leurs victimes avant d’y pénétrer pour être sûrs de ne pas les réveiller. Si les PJ se rendent sur la tombe du sinistre bondié, reportez au paragraphe éponyme situé plus loin.

 

Traquenard au Bras de plaine
La grotte indiquée par Caron est un leurre. C’est une attraction touristique confidentielle à l’écart d’un sentier de randonnée qui longe les gorges du Bras de plaine. Située sur la vaste commune du Tampon, à 2 km à vol d’oiseau de l’ancien repaire de Sitarane (qui a fait place à une église), il faut 2 heures entre voiture et marche pour rejoindre le lieu depuis Bois-Rouge. Les Mystes ont le temps de piéger l’endroit avec des explosifs.

Sur place, deux indices peuvent alerter les PJ (tests à leur discrétion):
• deux individus, tapis dans la végétation luxuriante, surveillent l’entrée de la grotte;
• un fil électrique a été dissimulé derrière des pierres le long de l’entrée de la grotte. Il relie le détonateur des deux individus à plusieurs bâtons de dynamite cachés au fond de la grotte.

Les Mystes déclenchent l’explosion dès que les PJ sont suffisamment enfoncés dans la grotte ou bien s’ils découvrent le fil tout en étant à vue. L’explosion de la dynamite provoque l’effondrement d’une partie de la voûte, ce qui va obstruer l’entrée, et occasionne 10 degrés de dommages physiques (souffle + chute de pierre) à ceux qui sont à l’intérieur et 5 dommages à ceux proches de l’entrée. La moitié des dommages est reçue si un test d’esquive est réussi.

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDELa tombe de Sitarane
Dans le cimetière de Saint-Pierre, cette tombe passe difficilement inaperçue: grande croix noire, pierre tombale rouge abondamment fleurie et couverte de nombreuses offrandes (bougies, cigarettes, rhum…). De nombreuses personnes viennent s’y recueillir surtout la nuit, toutes nieront faire de la sorcellerie ou demander quelques faveurs à l’esprit criminel. Parmi cette faune de devineurs et autres sorciers, les PJ trouveront quelqu’un qui sait où habite «le tisaneur qui se fait appeler Saint-Ange» (voir plus loin) comme Maryse Fontaine qui a fait empoisonner son mari ou Louis Castain, un redoutable homme d’affaires à qui on dit rarement non.

 

Kapali, le chien des cannes
De retour au temple tamoul, les PJ ne trouvent nulle trace de Caron ni d’Olivier. Par ailleurs, ils ont la nette sensation d’être observés depuis les ombres et autres recoins sombres, mais chaque fois qu’ils tournent la tête pensant avoir vu quelque chose, rien. Les visiteurs humains ressentent également un malaise ambiant et ne s’attardent pas une fois leurs dévotions réalisées. Soudainement, une forme humanoïde diaphane au visage hideux et tordu de douleur se jette sur le groupe, puis disparaît. L’éventuelle réaction des PJ devrait suffire à précipiter le départ des derniers fidèles.

Un chien massif et boitant se montre alors, fixant de son regard perçant les PJ. Kapali a réinvesti son Simulacre il y a quelques instants, alerté par une créature de Kabbale noire de la présence d’étrangers. Ne percevant plus la présence de son serviteur Caron, il pensait à une nouvelle attaque des Buveurs de sang. La nature de ces visiteurs identifiée grâce à sa vision-KLN, il manifeste son Imago, pour leur parler. La transformation peut faire sursauter les PJ. Ne comprenant pas leur éventuelle animosité à son égard, il tente de calmer les esprits, malgré son intonation vocale aboyante qui n’aide pas. Il interroge alors les PJ sur leur implication et les événements passés depuis qu’il s’est réfugié dans son Imago. Il répond sans rechigner aux questions:

• les buveurs de sang: une branche des Mystères de l’Occident (cf. Livre 0 Quintessence, p. 238, l’information sur les homoncules de Selenim n’est accessible qu’avec Savoir ésotériques Mystères à 8), qui s’inspirent des tristement célèbres Sitarane et Saint-Ange. D’ailleurs leur chef prend toujours le surnom de Saint-Ange. Jusque-là ils étaient du genre collant, la liturgie de l’Occident est liée à la Lune Noire, mais n’avaient jamais représenté une menace pour lui. Il ne connaît pas les raisons de ce revirement, mais il leur réglera définitivement leur compte, dès qu’il aura recouvré ses forces;
• la Carita: une Déchue et amie chère, qui s’est entichée d’Olivier de son vivant. Les deux ont écumé l’océan Indien, frappant les intérêts des Templiers portugais;
• le trésor de la Buse: il en ignore la nature ésotérique. C’est à la Carita qu’il faut poser la question;
• l’embuscade du Bras de plaine: Caron un traître? Il en a fait son serviteur pour le punir de la mort d’un ami marron, et reconnaît que son obséquiosité inattendue a peut-être endormie sa méfiance. Ça expliquerait pourquoi les Buveurs de sang se trouvaient à Saint-Paul, il les aura renseignés (il retrousse ses babines, de la bave coule de sa gueule accompagnée par un grognement sinistre);
• la boussole: la Carita l’a;
• où est la Carita: après l’avoir ramené ici et soigné, elle est partie rechercher Olivier.

 

ET SI ÇA VIRE À L’AFFRONTEMENT?
Kapali n’est pas en état de se défendre, il tente de fuir. S’il perd son Simulacre, il regagne la sécurité de son Imago, et sera hors-jeu pour le reste du scénario et surtout à la merci du Nécrophore (cf. dernière scène).

 

Initialement, Kapali est rassuré que les PJ aient remis Olivier à son serviteur, pensant que ce dernier est allé le ramener au cimetière marin. Après l’accusation formulée contre Caron, Kapali soupçonne qu’Olivier va être utilisé comme appât, mais le plus dramatique, c’est l’échéance terminale qui l’attend s’il ne regagne pas sa tombe avant un délai de 12 heures à compter de maintenant. Kapali n’a pour l’instant pas la force de le secourir, ni ne sait comment joindre la Carita. Il demande donc aux PJ de sauver Olivier, précisant qu’ils auront beaucoup à gagner en obtenant la reconnaissance de son amie. S’ils rechignent, il ajoute avec un léger mépris, que s’ils veulent mettre la main sur le trésor de la Buse, mieux vaut sauver son propriétaire. Il les renseigne sur l’endroit où vit Saint-Ange et qui sert de chapelle à la secte. Si les PJ s’enquièrent de sa sécurité, il les rassure en leur disant qu’il ne craint rien en ces lieux.

 

La demeure de Saint-Ange
Quel que soit le chemin suivi par les PJ pour arriver ici, considérez que lorsqu’ils y arrivent, Caron a déjà livré Olivier aux Mystes.

Située sur les hauteurs de Saint-Paul, la chapelle des Buveurs de sang est une ancienne demeure coloniale abandonnéedepuis vingt ans et réputée hantée. Le jardin est envahi par les fougères et les arbustes épineux, mais la végétation piétinée fréquemment par endroits témoigne de passages réguliers. En s’enfonçant dans ce qui était autrefois un jardin, une odeur de brûlé est rapidement perceptible. Elle devient de plus en plus prégnante jusqu’à l’écoeurement à cause de l’odeur de fuel mal brûlé qui se révèle. Une fine fumée noirâtre s’élève d’un tas d’immondices où se trouvent les restes d’un corps humain carbonisé (c’est celui du Simulacre d’Esméralda). Deux choses surprenantes sont visibles en vision-Ka: malgré la mort du corps, un Pentacle est toujours présent entourant fermement le Ka-Soleil. Ne laissez pas les PJ se perdre en conjectures: s’ils veulent prodiguer des soins (voir encadré) laissez-les faire, mais faites rapidementintervenir les Buveurs de sang.

La maison est de style créole, en bois et surélevée sur des fondations en pierre. Une galerie typique en fait tout le tour. Le toit est couvert de mousse, quant aux fenêtres, elles sont toutes condamnées soit par les volets qui ont été cloués soit par des planches. Il y a une seule porte d’entrée qui n’est pas verrouillée. Attention au bruit, car tout grince et craque. Une personne est assise à proximité de l’entrée, en train de plumer des poules fraîchement égorgées. À l’intérieur, l’odeur est épouvantable, mélangeant rance, urine, surin… La pièce principale est chargée d’un mobilier suranné hors d’âge en piteux état et couvert de crasse. Plus abject encore, plusieurs têtes humaines momifiées sont exposées sur un guéridon reconverti en autel à en juger les nombreuses bougies éteintes disposées devant les nombreuses flaques de sang séché. Une personne dort sur le canapé.

La pièce de gauche est une chambre. Un lit miteux défait et grouillant de vermine en est le meuble principal. La pièce de droite est la cuisine où Saint-Ange s’affaire. Plusieurs bottes de plantes séchées et ustensiles oxydés encombrent la grande table, du petit gibier faisandé est suspendu au plafond et deux marmites, contenantchacune une macération peu ragoûtante, chauffent sur la vieille cuisinière à bois (l’une contient du sirop de cadavre, l’autre un poison virulent, voir encart). Une porte dessert l’escalier menant à la cave.

Si les PJ se font repérer, les Mystes vont se cacher dans la pièce d’à côté après avoir dispersé de la poudre jaune (voir encart). Ils attendent alors que les intrus soient étourdis pour leur sauter dessus et les égorger avec leurs machettes. Ils ont pris soin de se couvrir le nez et la bouche avec un foulard.

Le sous-sol est à l’image du reste de la maison, encombré et crasseux. Des gémissements viennent d’un recoin où Jean/ Olivier, rendu apathique par une drogue, est attaché. «Elle est morte! Ma Carita est morte!», répète-t-il, hagard. Une fois libéré, il insiste pour se rendre auprès du corps d’Esméralda. Puis effondré ou en joie selon l’état de l’Hydrim, Olivier les avertit que le vieux sorcier malbar, «le diable en personne, celui-là même qui a tué la Carita, est après Kapali.». Il l’a entendu dire qu’il voulait «prendre l’essence du bébèt pour en faire je n’ai pas compris quoi mais ça ne s’annonce pas bon!».

Les PJ pourraient être tentés de questionner Olivier sur la cachette de son trésor, mais le pirate ne leur rend qu’un mépris certain. Il ne répondra que si les PJ portent secours à Kapali. Le forcer d’une quelconque manière provoque le réveil de Jean. En outre, s’ils ont réanimé Esméralda, cette dernière les foudroie d’un regard émeraude laissant paraître une colère noire sans équivoque.

 

ESMÉRALDA EN ACTION
Cette figure doit rester un joker pour ne pas frustrer les PJ. Reconduisant d’abord Olivier à Saint-Paul, elle ne rejoint les PJ à Bois-Rouge qu’à la fin de l’affrontement pour leur prêter assistance s’ils sont en mauvaise posture (la Bohémienne est aussi un as de la gâchette) et surtout pour leur prodiguer les soins nécessaires (guérison de toutes les blessures physiques, réduction d’une conséquence magique) grâce à une liqueur qui coule directement du creux de sa main.

 

Chasse au loup
Quand les PJ retournent à Bois-Rouge, Kapali est en fuite et une battue est organisée. Au temple, quelques fidèles sont là, étrangement même de nuit, et très vite les PJ s’aperçoivent que ceux-ci les scrutent d’un regard inexpressif. Ils sont sous l’influence d’une drogue psychotrope myste augmentant fortement la suggestibilité en même temps que la paranoïa. Un Myste malbar est présent, au cas où Kapali reviendrait. S’il estime les PJ gênants, il ordonne aux fidèles de les tuer. «Les serviteurs du bébèt!» hurle-t-il en désignant les PJ.

Après cet interlude, des cris et un hurlement de loup se font entendre au loin. Pour rejoindre l’endroit, il faut traverser plusieurs champs dont les cannes dépassent les 2 m de haut. Quelques bruissements ici, un animal dérangé là, puis soudain des fidèles drogués déments sautent sur les PJ.

Quand les PJ arrivent enfin au bord d’un chemin, ils découvrent Kapali, imago manifesté, gisant à terre acculé par 10 personnes: le Nécrophore, 2 Mystes malbars et 7 fidèles drogués. Kapali trésaille de spasmes de douleur au fur et à mesureque le Nécrophore se rapproche de lui. Ce dernier tient une urne entre les mains. En vision-Ka, l’urne émet une lumière dorée qui absorbe l’énergie noire du Selenim.

 

Épilogue
Sous les meilleurs auspices, les PJ ont défait les plans du Nécrophore, sauvé l’âme du célèbre pirate la Buse et prouvé leur valeur à Esméralda, même si cette dernière
conserve son anonymat. Une fois le calme revenu, Kapali sera en mesure d’interroger Olivier sur son trésor. À vous d’écrire cette chasse au trésor des Templiers. Esméralda sera fort intéressée par leurs découvertes, car lors du partage du butin, elle n’est pas sûre d’avoir obtenu tous les artefacts.

Les choses peuvent aussi mal tourner: Olivier dispersé faute d’avoir regagné à temps le cimetière de Saint-Paul, Kapali détruit. Dans le premier cas, la piste vers le trésor s’éteint, dans le deuxième cas, les PJ devront s’allouer les services d’un autre Selenim pour interroger Olivier. Dans tous les cas, si le destin funeste d’un de ces protagonistes est dû à la négligence ou pire à l’égoïsme des PJ, Esméralda leur tiendra grandement rigueur.

 

LE ROYAUME
Une fin alternative possible consiste à aider Kapali à s’assouvir rapidement d’une quantité importante de Ka-Soleil, ce qui lui permettrait de fonder son Royaume sur-le-champ (cf. Livre V Selenim) et d’y enfermer le Nécrophore

 

 


 

 

LES OPTIONS:

HÔPITAL DE SAINT-PAUL
VIGILES (2)
Menace 5, dommages 1 (poings)
INFIRMIÈRE TÉMÉRAIRE
Menace 3, dommages: endormissement si échec à un test unique de Ka-Terre opposé à une Virulence 6 (seringue avec somnifère).
POLICIERS (5)
Menace 6, dommages 2, protection 2

 

VOL DE L’ÂME
EFFET: l’esprit d’un vivant ciblé est mis en sommeil, permettant au mort désigné d’en posséder le corps.
COÛT: 2 degrés de KLN par heure
DURÉE: à l’issue, l’esprit du mort est éjecté puis aspiré par son cadavre si celui-ci se trouve à moins d’un kilomètre. Autrement, sans l’aide d’un Selenim pour le ramener, il se dissipe à jamais dans les Champs solaires au bout d’un nombre d’heures égal à son Ka-Soleil.

Vol de l’âme a été publié initialement dans Nephilim Révélation – le livre des joueurs.

 

KAPALI ET ESMÉRALDA
Kapali a transféré son noyau dans son Imago pour stopper plus facilement l’entropie qui le frappe. Son Simulacre, soigné par Esméralda, repose inerte à côté.

Esméralda s’est lancée à la recherche d’Olivier. Se fiant aux médias, elle s’est rendue à l’hôpital psychiatrique mais après les PJ. Elle pense que ce sont les Buveurs de sang qui l’ont fait évader et s’est mise sur leur piste.

 


 

L’AFFICHE

CAROLE DESMARAIS
38 ans, Ka-Soleil 4
Commissaire-priseur BCBG 6
Tirée à quatre épingles en toutes circonstances, sa coiffure présente cependant quelques défauts le jour du cambriolage.

 

LUCIEN HOARAU
54 ans, Ka-Soleil 2
Ésotériste de terroir théâtral 8

 

OLIVIER « LA BUSE » LEVASSEUR / JEAN GRONDIN
28 ans, Ka-Soleil 3 (Olivier) / 2 (Jean)
Pirate délirant 6 / Dealer hargneux 5

Jean est un créole beau gosse coiffé de dreadlocks. Le rituel de Kapali ayant été perturbé, les deux esprits, Jean et Olivier, luttent pour prendre le contrôle, d’où un apparent dédoublement de personnalité et l’incohérence des propos tenus. Le langage aussi est changeant: Jean s’exprime en créole, la Buse en vieux français mâtiné de créole. Un Vécu lié à la linguistique permet de noter ce détail.

Olivier: sortant d’une longue période où il s’enfonçait vers le néant, et l’incarnation ayant été conduite dans un chaos absolu, la concentration d’Olivier est difficile et son esprit n’est focalisé que sur l’idée que la Carita est en danger. Au fait de l’existence de la Magie, mais pas des Nephilim ni des Selenim, il ignore de plus l’échéance terminale qui le guette s’il ne retourne pas à temps auprès de sa dépouille mortelle. Sa dernière «promenade» dans le monde avant le début de sa longue torpeur remonte aux années 1930, mais à la différence d’un Nephilim, il n’a pas accès aux connaissances de son hôte.

Phrases types:
• Oui la Buse, c’est bien moi, pour vous servir!
• Mon trésor? Ah je vois que sous vos manières charitables, se cachent de fieffés gredins intéressés. Aidez-moi à sauver la Carita et peut-être que je vous parlerai de mon trésor.
• Kapali, menez-moi à Kapali, ma Carita est en danger! (juste avant une reprise de contrôle de Jean)
• Morbleu! Je me rappelle… Ces chiens nous ont tendu une embuscade, nous avons été séparés la Carita et moi. J’ignore qui ils étaient. Mais s’ils touchent à un seul de ses cheveux, ils me suivront en enfer!
• J’ignore qui étaient nos assaillants. Ces diables étaient enragés, je n’avais jamais vu ça même lors des plus grands abordages que j’ai pu mener. Des bêtes sauvages!
• La Carita? La plus belle donzelle au monde, couplée à une redoutable pirate. Elle a ravi mon coeur en moins de temps qu’il n’en faut pour aborder un navire anglais, et ces yeux d’émeraude vous transpercent de la plus douce des manières.
• Kapali? (rire) L’envoyé du diable, à moins que ce ne soit le diable en personne. Mais quelqu’un de fort bonne compagnie, vous allez l’adorer!
• Ai-je l’air d’un mort, palsambleu? (en se portant une main au cou)

Jean: c’est quelqu’un de violent. Il ne s’explique pas ses «absences», et veut juste rentrer chez lui pour mettre fin à une situation qui le dépasse. Son seul souvenir clair est de s’être fait « brancher par une bombe ». Sa première idée est de proposer de l’argent aux PJ pour qu’ils le ramènent. Viennent ensuite les menaces «Vous ne savez pas à qui vous avez affaire», «Je connais du monde», «J’espère que vous ne tenez pas à vos familles». Enfin il tentera de filer en douce, de voler les clés du véhicule des PJ, ou encore de les menacer avec une arme improvisée ou subtilisée.

Il n’y a pas de règles ni de fréquences quant aux changements de personnalité. C’est à évaluer en fonction du potentiel dramatique ou comique des situations, et globalement, il faut éviter de laisser Olivier trop longtemps aux commandes pour que les PJ ne l’assaillent pas de questions dont les réponses pourraient gâcher les rebondissements du scénario (en particulier sur l’aspect du Simulacre de Kapali).

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDEFRANÇOIS CARON, SANS REPOS
KA-SOLEIL 2, KLN 4
CHASSEUR D’ESCLAVE RETORD 7

Description : misérablement vêtu, il porte un long manteau sale, des vieilles sandales, des gants de cuir usés et un large chapeau, tandis que des lunettes de soleil dissimulent ses yeux enfoncés dans de profondes orbites. Malgré la chaleur, il couvre le plus possible son corps pour cacher la décomposition de ses chairs désormais marquées par trois siècles de non-vie.

Caron parle d’une manière gutturale à cause de la nécrose avancée de ses cordes vocales, mais parle peu pour ne pas risquer de se trahir. Tant que possible, il se fait passer pour Kapali, mais il ignore beaucoup de choses de la réalité occulte.

Objectif: éloigner tout gêneur avant l’arrivée des Buveurs de sang.

Réponses types:
• Vous n’êtes pas Kapali: le maître se remet de ses blessures, il est dans une transe profonde.
• La Buse: un fantôme sympathique et haut en couleur.
• Les assaillants: une secte nommée les Buveurs de sang. Ils vénèrent le sorcier Sitarane et veulent boire mon sang pour obtenir mes pouvoirs.
• La Carita: une sorcière elle aussi, la Buse et elle ont été amants (l’emploi de «sorcière» peut mettre la puce à l’oreille).
• La boussole volée: objet sentimental, indispensable pour sortir la Buse de sa tombe.
• Le trésor de la Buse: pour interroger Olivier à ce sujet, il faut la boussole que les Buveurs de sang ont prise. Dans quelques heures Olivier va réintégrer sa tombe, et il est moins loquace à l’état de fantôme. Je vais d’ailleurs l’y ramener.
• Localisation des Buveurs de sang: leur repère actuel se situe dans une grotte située dans les gorges du Bras de plaine près de l’arche de pierre.

 

DIMITRI TRAN, AUGUSTE TANTELI
BUVEURS DE SANG FANATIQUES ET DROGUÉS
Menace 8, dommages 6 (1 bâton de dynamite chacun) / 2 (machette), protection 1 (le philtre qu’ils ont bu les rend en partie insensibles à la douleur).

Stratégie: lancer les bâtons de dynamitedepuis leur position avant de fuir. Ils ne savent rien de l’affaire, ils obéissent à Saint-Ange le tisaneur pour profiter des bienfaits du bondié Sitarane. Ils savent où habite Saint-Ange (voir plus loin), c’est là où se tient une partie des cérémonies.

 

KAPALI, SELENIM LUPUS, NÉCROMANT HUMANISTE
Âge: 500 ans
Noyau de KLN: 8
Vécu significatif : Loup alpha 9
Imago: un loup-garou noir à la musculature puissante, avec des mains préhensibles pourvues de longues griffes tranchantes, des yeux émettant une lueur argentée, rappelant la pleine lune et une gueule à l’amplitude d’ouverture démesurée disposant de crocs acérés.
L’imago n’est plus mobile, il est ancré dans le temple tamoul de Bois-Rouge.

SCIENCES OCCULTES:
• Nécromancie 9

RESSOURCES:
• Dommages: 4 (griffes de l’Imago)
• Protection: 2 (peau et fourrure de l’Imago)
Simulacre: un loup gris
Stratégie de combat: s’il doit combattre, Kapali manifeste l’intégralité de son Imago, porte une première attaque en utilisant son approche de KLN pour tenter de dissuader ses adversaires et cherche ensuite à fuir vers les hauteurs.

Kapali est devenu Selenim au XVe siècle après avoir été gravement blessé par l’orichalque lors d’une mission de l’Arcane XVIII dont il était un adopté actif. Acceptant difficilement son sort, Kapali quitta l’Arcane, remplit de rancoeur. Ses errances le conduisirent à l’île Bourbon où il trouva un environnement naturel et magique plaisant et où il se prit d’amitié pour des marrons qu’il protégea du mieux qu’il put.

 

ESMÉRALDA
Pour sa description complète, reportez-vous au Grimoire du Troisième cercle des Sciences occultes. La complétion de l’OEuvre au rouge du Cinabre l’a dotée d’un corps immortel auquel a fusionné son Pentacle, capable de se régénérer de toutes les blessures, même fatales. Une autre de ses capacités est de pouvoir synthétiser spontanément des Liqueurs, sans laboratoire ni Materia Prima. Objectif: ramener Olivier à Saint-Paul avant la fin du Vol de l’âme, qui le verrait sinon dispersé dans les champs solaires.

SALE QUART D’HEURE POUR LA CARITA
Échaudés par l’embuscade ratée du cimetière marin où ils ont constaté la résistance surnaturelle d’Esméralda, les Mystes africains ont eu recours à un poison concocté à partir de plantes cueillies en Hadès. Quelques égratignures infligées avec des machettes enduites ont suffi à affaiblir les réflexes de l’Agarthienne, laissant l’opportunité aux Mystes de l’asperger d’essence puis de la brûler vive. Ce poison a normalement un effet dévastateur sur un Nephilim.

SOIGNER ESMÉRALDA
Avec l’utilisation d’un sortilège soignant les conséquences physiques, Esméralda est instantanément ramenée à la vie. Elle prend une première inspiration bruyante mais brève suivi d’un souffle saccadé, attrape le bras d’un PJ d’une main répugnante et murmure d’une voix hachée: «Olivier… aidez-le… ça ira pour moi». Esméralda est un poids mort pour le reste de la scène.

 

LES BUVEURS DE SANG
CHAPELLE RUISSEAU DE LA NOUVELLE LUNE
Adorateurs et héritiers de Sitarane, les Buveurs de sang font dans le commerce de la magie noire, la confection de poisons ou de philtres et le meurtre sur commande, le tout à des tarifs modiques car préférant les retours de faveurs. «Et puis Sitarane n’a que faire de la monnaie des mortels!».

BUVEURS TYPE (2)
Menace 6, dommages 2 (machette)

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDEJOSEPH PAYET, DIT SAINT-ANGE
56 ans, Ka-Soleil 5
Initié sociopathe fasciné par la mort du 4e grade de l’Occident 5
Herboriste méticuleux 8
Dommages 2 (machette)

Ressources:
• Poudre jaune de sommeil: inhalation, Virulence 5 (pas de dommage mais – 5 degrés aux tests de Vécus après le premier échec puis endormissement pendant une heure après le second), période 2 rounds, durée 6 rounds.
• Sirop de cadavre: ingestion, + 2 degrés aux tests de Vécus et + 1 degré de protection pendant 4 heures.
• Poison: ingestion ou injection, virulence 6, période 5 minutes, durée 30 minutes.

Description: Saint-Ange est un créole au teint maladif et aux yeux injectés de sang. Il porte un costume trois pièces élimée et à la propreté douteuse.

Objectif: n’ayant pas été mis au fait que Caron n’est pas le Selenim, il voit le Nécrophore comme un rival en train de lui ravir les faveurs de Kapali qui l’aurait sollicité pour l’aider à se débarrasser du chien démon. S’il identifie les PJ comme Nephilim, il tente de discuter pour cerner leurs motivations et propose une alliance contre un ennemi commun. Il informe les PJ que le Nécrophore et ses trois sbires sont partis à Bois-Rouge chasser le chien démon, puis les met en garde contre leurs machettes empoisonnées. Il a le toupet de leur demander de lui rapporter une dose de ce poison «inconnu qui a réussi à terrasser la folle furieuse!».

 

LES MYSTES
MYSTES MALBARS FANATIQUES (3)
Menace 7, dommages 2 + poison (voir ci-dessus) (machette enduite); 4 (fusil à pompe), protection: si «réanimé» par le Nécrophore, sensible uniquement au feu

FIDÈLES DU TEMPLE DROGUÉS
Menace 4, dommages 2 (machette) ou 1 (bâton)

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDESAMORA DHALAKAMA, NÉCROPHORE DE L’OCCIDENT
82 ans, Ka-Soleil 8
Initié jusqu’au-boutiste du 6e grade de l’Occident 10
Médecin 6, Epéiste 8, Chasseur 7 (il dispose de plusieurs Vécus passés arrachés à des Immortels.) Dommages 3 (canne épée empoisonnée) + poison (Virulence 5, dommages physiques et magiques, 1 seul test par coup porté).

Ressources:
• Talismans (colliers, bracelets, bagues) chargés de Ka-éléments, lui assurent de redoutables capacités physiques malgré son âge.
• Relique maudite, implantée sous la peau pour retarder l’entropie: imprégnée du sort Réanimation (cf. Livre V Selenim p. 126) ; 2 utilisations.
• Urne en plomb contenant du Ka-Soleil solidifié : composant essentiel pour extraire le noyau d’un Selenim.

Description: vieux malbar accusant les années, son regard malsain vous transperce malgré une cataracte avancée. Ces signes de vieillesse contrastent fortement avec sa posture droite, ses gestes vifs et sa démarche gracile. Il est vêtu d’un boubou ocre, parfaitement ajusté.

Objectif: capturer Kapali à tout prix

Stratégie: réanimer ses subalternes s’ils sont tués, utiliser le rituel de résistance en ricanant, combattre en dernier recours.

 

 


 

LEXIQUE
Bébèt: créature maléfique, démon ou monstre
Bondié: saint
Cafre (fem. Cafrine): noir descendant d’esclave
Gramoune: vieille personne
Tisaneur: herboriste
Malbar: Africain
Marron: esclave en fuite
Zoreil: métropolitain

 


 

 

PUBLIC
Niveau de maîtrise du meneur: tout niveau, aimant improviser
Niveau des personnages / prérequis: expérimentés
Nombre de joueurs: 3 à 5

 

JDR Mag 53 - NEPHILIM LÉGENDEL’AUTEUR
Héritier de Babel, Stéphane a participé à la saison 2 du jeu en contribuant à L’Atalante fugitive, Le Compact d’Arcadia et, avec ses comparses Héritiers, à Constellation.

http://heritiersbabel.org

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