De la table au Grandeur Nature

LES JEUX DE RÔLE: DE LA TABLE AU GRANDEUR NATURE

 

FAIRE UNE PARTIE DE JEU DE RÔLE. LANCER LES DÉS. FERMER LES YEUX. LES ROUVRIR ET VOIR EN FACE DE SOI LE MONDE DU JEU PRENDRE VIE TANDIS QUE NOUS NE FAISONS QU’UN AVEC NOTRE PERSONNAGE. TOUT RÔLISTE A DÉJÀ RÊVÉ QUE CE SOIT POSSIBLE! ET SI ÇA L’ÉTAIT?

 

Avec le soutien inestimable de l’association Sculpteurs de Rêves, Guillaume Guimiot, Guillaume Faure, Aurélie Trilles et Cédrick de QBA, ainsi que de la FédéGN et de Live Multiverse. Un grand merci au plus de 200 GNistes, Rôlistes et novices qui ont accepté de répondre à nos questions et de partager leur expérience!
Enfin, merci à Efel PhotoGNik, Olivier Girard, Jean Pierre Léger et Bina GN Tophography pour leurs magnifiques clichés.

 

Mesdames et messieurs, nous vous invitons à fermer les yeux. Et quand vous les rouvrirez, préparez-vous à plonger, au fil de cette lecture, dans l’univers du jeu de rôle Grandeur Nature. Pour réaliser ce dossier, nous sommes allés à la rencontre de joueurs de GN dont vous trouverez les témoignages tout au long de ces pages en avant-propos des sujets abordés.

LE GN: KESAKO?

GN est l’acronyme de «Grandeur Nature», lui-même diminutif de jeu de rôle Grandeur Nature. Par définition, le GN donc serait une version «grandeur nature» du jeu de rôle sur table. Un loisir dont les participants incarnent physiquement les personnages d’un monde fictionnel, improvisant dans le cadre d’un scénario interactif qu’ils découvrent au cours du jeu. En d’autres termes, ce serait vivre pour de vrai les aventures que l’on raconte en JdR. Mais le GN, c’est plus que ça.

UN IMAGINAIRE COLLECTIF

«Du théâtre improvisé où les personnages donnent vie à un scénario dont seules les premières pages sont écrites… L’imagination et la folie des participants écriront la suite.» Anonyme.

Parce qu’il se base sur l’incarnation d’un rôle et l’improvisation de ses actions, le GN est aisément comparable au théâtre d’improvisation. C’est également une activité héritière des «Murder Parties» nées dans les années 30, des psychodrames, des jeux de pistes et autres expériences immersives, dont les escapes games et le théâtre immersif sont aujourd’hui des cousins germains. Lesquelles activités résonnent elles-mêmes avec des pratiques bien plus anciennes et fondamentalement humaines, consistant à faire semblant. Vous savez, quand on jouait aux cow-boys et aux Indiens étant petits?

Cette possibilité d’être autre chose, ne serait-ce que le temps d’un jeu, offre une double opportunité : s’éloigner de la réalité ou explorer la réalité. Non pas seulement pour échapper à un quotidien parfois difficile, mais pour vivre d’autres expériences, pour être dépaysé et changer de peau.

UNE RECHERCHE D’IMMERSION

«Je crois qu’on ne peut pas faire plus fort en termes d’immersion et de dépaysement. C’est un jeu où on vient à changer jusqu’à notre propre personnalité pour la qualité du jeu.» Valérian Book.

Le GN est une expérience qui se veut pour bon nombre la plus immersive possible. Le roleplay, présent en JdR et fondamental à l’immersion, est dans bien des GN renforcé par des costumes, des accessoires, des décors et des effets spéciaux permettant de défier toujours davantage la limite entre fiction et réalité. C’est l’occasion de vivre pour de vrai les plus forts moments du cinéma, de se glisser dans la peau d’un personnage, et pas seulement de s’y identifier comme avec d’autres médias tels que les films ou les jeux vidéo. Avec le temps, l’expérience et l’évolution de la qualité de jeu, les GN tendent à être de plus en plus vraisemblables: les armes qui étaient autrefois comparables à des bâtons enroulés de scotch sont aujourd’hui des répliques d’un réalisme saisissant et les déguisements sont devenus des costumes dignes du théâtre ou du cinéma.

UN FORT VECTEUR DE LIEN SOCIAL

«Rassemblement non fictif d’amateurs où les barrières en tous genres tombent et où on passe un bon moment hors du commun.» Victor Laforêt.

Guerrier contaminé au GN Eclypson Odyssée des Sculpteurs de Rêves © Olivier Girard Photographie

Le GN est aussi, et avant tout, une pratique sociale. C’est en ce sens que la Fédération Nationale du Jeu de Rôle Grandeur Nature (FédéGN) définit le GN comme une «rencontre entre des personnes qui, à travers le jeu de personnages, interagissent physiquement, dans un monde fictif», s’attachant à souligner que les interactions sociales sont l’essence même de l’activité. Le GN offre ainsi l’opportunité de se retrouver entre amis, de vivre des expériences partagées et de rencontrer de nouvelles personnes, dans un contexte ludique où les barrières sociales classiques sont abaissées.

UN UNIVERS COLLABORATIF

«Créer ensemble toute une histoire où chacun est son propre héros et où toutes les interactions contribueront à approfondir l’univers.» Élodie Niale.

La collaboration signifie travailler ensemble pour accomplir un objectif. Un GN nait d’une volonté collective de prendre part à un jeu où s’y croire. Les joueurs et les organisateurs travaillent ainsi à faire du monde d’un jeu un cadre réaliste que les personnages pourront explorer. La liberté offerte par le GN permet une co-construction du scénario et de l’univers par les participants sans l’accord des organisateurs.

UN CADRE LUDIQUE

La dimension ludique du GN est toujours présente, même dans les jeux les plus sérieux. À la fois par le caractère récréatif et divertissant, même lorsque les scénarios traitent de sujets difficiles ou installent une atmosphère oppressante, inhérente à toute pratique ludique, mais également par la présence de mécanismes et codes propres aux jeux. À commencer par les règles, très différentes d’un jeu à l’autre en fonction des objectifs du jeu, qui offrent à tous les participants un cadre au sein duquel interpréter son personnage. Il existe aussi des GN sans règles, si ce n’est celle de la courtoisie élémentaire entre les participants.

UNE INFINITÉ DE DÉFINITIONS

«Un groupe de personnes qui se rassemblent pour s’immerger dans un univers fictionnel dans lequel ils rempliront des quêtes, résoudront des énigmes et essaieront, une fois ou deux, de sauver le monde.» Anonyme.

Il y a autant d’interprétations du GN qu’il y a de GNistes, résultat de l’incroyable diversité des jeux, des mondes, des associations et des formats que compte cette pratique. La preuve s’il en est, sur plus de 200 GNistes interrogés pour la rédaction de ce dossier, aucun n’a donné la même définition! Riche, diversifié, créatif, c’est un monde que nous vous invitons à découvrir, un monde où chacun peut trouver sa place.

GN Eclypson Odyssée par Les Sculpteurs de Rêves © Jean Pierre Léger

UN MÉDIA D’UNE INCROYABLE DIVERSITÉ

L’offre de GN en France et dans le monde propose un choix très varié d’expériences, si bien qu’il est parfois complexe de s’y retrouver. Voici quelques catégorisations pour appréhender ce large panel de possibilités, bien entendu non exhaustives.

DIVERSITÉ DE FORMAT

D’une poignée de joueurs à plusieurs milliers de participants, de quelques heures à plusieurs jours, d’une petite salle à des dizaines d’hectares… On trouve vraiment de tout en GN.

Généralement on distingue trois types de formats:
Les huis clos, soirées-enquêtes ou murder party, rassemblent généralement moins d’une vingtaine de participants, pendant quelques heures dans un espace restreint, souvent en intérieur. Ils sont très axés sur l’intrigue et sur les interactions entre les personnages.
Les GN «classiques» rassemblent entre trente et deux cents personnes, généralement sur un week-end (du vendredi soir au dimanche midi) et dans un lieu plus vaste, la plupart du temps en extérieur avec parfois accès à des intérieurs.
Les GN de masse (ou Mass Larp) s’étendent souvent sur plusieurs jours et sont caractérisés par l’accueil d’un très grand nombre de participants: jusqu’à huit mille personnes pour Conquest of Mythodea, le plus grand GN au monde! En France, Kandorya est le plus grand GN, accueillant chaque année près de deux mille participants, talonné par le Conan des Légendes d’Hyborée et le Drakerys.

On distingue aussi généralement les GN avec des personnages pré-écrits et ceux où les joueurs écrivent eux-mêmes leurs fiches de perso, lesquelles sont ensuite modifiées, liées et enrichies par les organisateurs.

Enfin, certains GN font appel à des personnages non joueurs dont les actions sont guidées par les organisateurs, là ou d’autres se concentrent uniquement sur les interactions entre joueurs.

DIVERSITÉ DE MONDES

Si le médiéval fantastique est le genre le plus répandu aujourd’hui, il existe des GN dans tous les types de genres fictionnels: futuriste, steampunk, victorien, post-apocalyptique, moderne, préhistorique… Certains sont plutôt fantastiques, d’autres plutôt réalistes: la seule limite est l’imagination des scénaristes. Les GN peuvent être basés sur des fictions existantes. On peut ainsi trouver des GN Cthulhu, Star Wars, Harry Potter ou encore Fall Out, ou bien reposer sur des mondes inédits, créés uniquement dans le cadre du GN et plus ou moins détaillés en fonction des besoins du jeu.

Vue aérienne des campements du Conquest of Mythodea.

DIVERSITÉ DE PRIX

Les associations organisatrices de GN demandent, dans la grande majorité des cas, une contribution financière pour participer au jeu. Ce tarif est très variable d’un GN à l’autre: un huis clos coûtera en moyenne 30 €, un GN «classique» 60 € et un Mass Larp 90 €. On trouvera évidemment des GN moins chers et d’autres bien plus chers. Ces derniers, dont les tarifs montent à plusieurs centaines d’euros pour un week-end, sont généralement appelés «GN blockbusters», et offrent une qualité d’immersion, de commodités et de scénario justifiant un tel investissement. En outre, les coûts diffèrent considérablement selon l’investissement des participants dans la création de leurs costumes et autres accessoires qu’ils auront à coeur de porter pendant l’événement.

DIVERSITÉ D’INTENTIONS ET D’ORGANISATIONS

Enfin, il y a autant de GN qu’il y a d’associations organisatrices. Différentes par la vision des passionnés qui les composent et par les méthodes d’organisation. Et différentes par leurs intentions: quelle expérience l’association veut offrir à ses joueurs?

Ainsi, un exercice fréquent auquel se livrent les organisateurs est la rédaction d’une note d’intention en amont de l’événement, précisant ce que sera ou ne sera pas leur GN, afin de permettre aux joueurs d’estimer si ce jeu leur convient. Cette étape est très importante afin de permettre à tous de passer un GN dans les meilleures conditions, il est donc primordial de prendre le temps de lire la note avant de s’inscrire!

SE LANCER DANS LE GN

Voici tout ce qu’il faut savoir, ou plutôt les questions auxquelles il faut répondre avant de se lancer. Le GNiste starter pack en quelque sorte.

SE MOTIVER: AI-JE MIEUX À FAIRE QU’UN GN?

«Attention! C’est addictif» Orphyse Compère-Prunier.

Tout se joue ici… ou presque! La meilleure arme d’un GNiste est sa motivation. Bonne nouvelle, il y a mille raisons de l’être pour participer à un GN: vivre une immersion totale dans votre univers favori, jouer plusieurs jours non-stop, se libérer du maître et des dés, créer et bricoler un superbe costume, interagir physiquement avec votre environnement, fusionner l’adrénaline du jeu à la beauté du spectacle vivant, camper avec vos amis, faire des rencontres inoubliables…

GN Fallout organisé par Arcan, les Démons d’Ivoire © Bina – GN Tophography

SE RASSURER : SUIS-JE CAPABLE DE PARTICIPER À UN GN ?

«[…] Une heure de GN réussie vaut mieux que trois jours en forêt à ne rien faire». Augustin Flammarion.

Aucun pré-requis n’est nécessaire pour participer à un GN: un costume (ce qui est un investissement important pour un med-fan voire considérable pour une reconstitution historique), de la motivation et du respect envers le jeu des autres, et vous êtes parés! Dès le premier GN vous adapterez naturellement votre jeu à vos envies et compétences. Libre à vous de jouer un timide si vous ne souhaitez pas trop vous exposer, ou un barbare au sang chaud si vous cherchez la castagne! Posez toutes vos questions aux orgas et à des joueurs expérimentés. Si enfin vous avez une contrainte physique ou mentale particulière, parlez-en avant l’inscription et au début du jeu.

S’INFORMER: QUELS SONT LES GN EXISTANTS?

«Lire attentivement la lettre d’intention du GN pour savoir à quoi s’attendre» Aurélie Trilles.

Il existe des centaines de GN en France, sans parler de l’étranger. Avant de faire votre choix, prenez le temps de découvrir l’offre existante: quel monde? Combien de joueurs? Quel esprit et règles de jeu? Quel lieu et date? Quel coût?

Des sites comme Cocolarp ou le calendrier de la FédéGN offrent un aperçu des GN organisés. Une carte interactive sera aussi bientôt disponible sur Live Multiverse, tenezvous informé sur leurs réseaux sociaux. De nombreux GN sont aussi annoncés via Facebook. Tout est possible, le plus dur sera de choisir!

Pour vous aider, demandez conseil auprès d’amis GNistes et prenez le temps de lire les notes d’intention des associations organisatrices. Définissez quelle expérience vous voulez vivre et faites une short-list de vos préférences!

TROUVER DES COMPAGNONS: QUI ME SUIVRA DANS CETTE FOLLE AVENTURE?

«Être une bande de potes avant d’être un groupe de PJ.» Gilles Galeazzi.

Vous pouvez vous inscrire en solo à un GN mais l’aventure sera souvent plus enrichissante, plus rassurante et plus économique en équipe. Plus de 70 % des GNistes que nous avons interrogés recommandent de se rapprocher de quelques joueurs expérimentés pour commencer.

Trouvez des mentors, mais aussi et surtout des amis ! Préparez vos meilleurs arguments et motivez vos proches (en leur montrant cet article par exemple). Pensez également au GN si vous cherchez des idées de cadeau et si vraiment vous n’avez pas d’amis motivés, ne vous inquiétez pas! Vous en trouverez une fois inscrit. Prenez vos places dès l’ouverture de la billetterie car elles peuvent partir vite.

Les réseaux sociaux sont l’un des principaux lieux de découverte, de promotion et d’inscription aux GN.

PUIS-JE LIRE LES DOCUMENTS DU GN LA VEILLE?

«C’est pas mal de commencer comme PNJ, ça permet de tester plusieurs types de persos et de voir un peu ce qu’on aime comme mode de jeu. Et ça permet aussi de se donner au combat sans avoir peur de faire mourir son perso». Julie Bonnecarrere.

La réponse est non, même si ça finit toujours comme ça!

Lisez bien en amont les documents publiés par les organisateurs car un GN n’est pas un JdR: aucun MJ ne sera là pour vous rappeler où vous êtes et pourquoi vous y êtes… Les règles, bien sûr, doivent être maîtrisées par tous les participants mais l’univers également ! Il ne s’agit pas de tout retenir, mais d’en savoir assez pour s’immerger dans le monde et donner du corps à son personnage.

ECRIRE SON BACKGROUND: COMMENT TROUVER DE L’INSPIRATION?

«Plus on se prépare, plus on s’amuse!» Matthias Goncalves.

Définissez le nom de votre personnage, son histoire, ses compétences, ses ambitions… Partez des documents de jeu et faites des liens entre les peuples et les intrigues: dans quelle partie du monde souhaitez-vous avoir vécu? Quels sont les événements qui vous intègrent au scénario du GN? Avant de rédiger votre background, faites un plan. L’écriture est aussi l’occasion d’échanger avec votre groupe pour imaginer une histoire commune.

Certains GN proposent des personnages pré-écrits qui seront répartis entre les inscrits par le biais d’un questionnaire.

PRÉPARER SON COSTUME: ET SI JE SUIS PAUVRE?

«Pour quelqu’un voulant se lancer, pas besoin d’investir une fortune, un costume sobre mais crédible (chemise, pantalon, ceinture, d’occasion si possible) vaut mieux qu’un trop-plein de fantaisie.» Sylvar.

Votre costume permet de vous glisser dans la peau de votre personnage et c’est le premier message que vous communiquez aux autres joueurs. Pour un premier GN, nous vous conseillons de ne pas vous ruiner. Vous pouvez par exemple construire le maximum vous-même à partir de matériaux peu coûteux. Faites-vous aider par des joueurs expérimentés! N’hésitez pas à emprunter du matériel à des amis ou à dénicher des merveilles dans les vide-greniers: de nombreux accessoires, même inutiles, donnent du volume à votre costume.

Gardez toujours en tête que vous serez toute la journée dans votre costume: terrains accidentés, mouvements sportifs, météo hasardeuse… veillez à son confort et à sa solidité. Choisissez notamment vos chaussures avec soin! Des chaussures très voyantes et hors de propos (des baskets fluo!) peuvent vous gâcher un GN. Pour des raisons de sécurité, les armes de GN doivent être homologuées. Les construire soi-même est faisable mais reste complexe, souvent peu esthétique et coûteux: nous vous conseillons plutôt d’emprunter une arme ou d’acheter un premier prix. Sinon jouez un personnage non combattant!

PRENDRE LA ROUTE DU GN: COMMENT NE RIEN OUBLIER?

«Prenez de la nourriture simple qui ne craint rien: du pain, des biscuits, des pommes, des mandarines, des fruits secs» Céline.

Un GN implique plus de logistique qu’un JdR. Organisez-vous avec votre groupe: qui amène quoi? Désignez des responsables, faites une cagnotte collective et des checklists du matériel dont vous aurez besoin, notamment pour le campement. Soyez à jour des informations données par les organisateurs et pour le transport, pensez au covoiturage.

S’AMUSER : QUELS SONT LES SECRETS D’UNE EXPÉRIENCE GN OPTIMALE?

«C’est un jeu, donc amuse-toi. Sache que si ton idée semble être une idée de merde, ça en est très certainement une, mais elle va offrir du jeu. N’ai pas peur que ton perso se fasse tuer: une belle mort en GN, les gens s’en souviennent» Melyne Hautecoeur.

Rencontrez en groupe votre organisateur référent pour un briefing personnalisé, communiquez au maximum sur vos besoins, faites-vous des amis, soyez audacieux dans vos initiatives, saisissez toute opportunité, apprenez des autres joueurs, tenez à jour vos objectifs et informations de jeu, n’espérez aucune réaction des autres mais réagissez à tout, ne vous formalisez pas trop sur les règles, valorisez le roleplay, soyez bons joueurs, tempérez vos attentes, prenez du plaisir à chaque instant et hydratez-vous régulièrement!

RESTER MAÎTRE DU JEU: QUE FAIRE EN CAS DE PROBLÈME?

Les organisateurs encadrent chaque scène importante et rappellent les règles de sécurité au début du jeu. Sur le terrain, il vous suffit de lever le poing ou de dire que vous ne voulez « vraiment vraiment » pas jouer une scène pour que les autres joueurs vous laissent tranquille. Après le jeu, pensez à débriefer avec les organisateurs et les autres joueurs.

LE GN, PLUS QU’UN JEU

Le jeu de rôle Grandeur Nature est un hobby passionnant et de passionnés. Et comme dans tout milieu de passionnés, la niche associative et expérimentale qui en était le vivier a très vite vu naître des vocations, et des volontés de faire évoluer la pratique autant que celle-ci le pouvait et le peut encore. Les GN ont dès lors varié en taille, en budget et en monde, donnant naissances aux différentes formes présentées plus haut.

Parmi ces passionnés ambitieux, certains ont vu dans les GN des opportunités allant plus loin encore que le hobby, des applications pratiques pour certains ou commerciales pour d’autres. L’exemple le plus flagrant en est les escape games (jeux d’évasion grandeur nature), qui fleurissent désormais sur tous les territoires depuis les années 2010. Mais là ne s’arrêtent pas les possibilités qu’apportent les Grandeurs Natures.

L’asteria Karâvan au GN Eclypson Odyssée des Sculpteurs de Rêves © PhotoGNik

LE GN COMME OUTIL D’ÉDUCATION

L’expérience immersive inhérente aux jeux de rôle Grandeur Nature est extrêmement formatrice. Cela, les professeurs qui enseignent à la Østerskov Efterskole en sont convaincus. Cette école danoise qui accueille une centaine d’élèves en pension complète de la quatrième à la seconde base, sa pédagogie sur les jeux et l’immersion. Chaque semaine l’école est thématisée, les élèves et les membres de l’équipe pédagogique prennent alors, d’une semaine à l’autre, les rôles de nobles de la Rome antique, de passagers de l’Orient Express ou de représentants d’ONG préparant une conférence sur le climat.

À travers leurs différents rôles, ils sont confrontés à nombre de challenges successifs ou simultanés qui leur apportent un savoir non négligeable. Ainsi, les élèves devront par exemple utiliser les mathématiques pour régler un problème d’approvisionnement en eau de la ville de Rome, la physique pour en savoir un maximum sur les métaux et comment ils sont minés pour en tirer un profit maximum ou l’allemand pour négocier avec un marchand germanique de passage.

Les élèves de cette école en partie financée par le gouvernement danois passent les mêmes examens finaux que leurs camarades suivant un cursus plus classique à travers tout le pays. Les résultats montrent que ce type d’enseignement immersif et scénarisé favorise les capacités oratoires ainsi que la mémoire à long terme. Cela aide également les élèves à répondre au fameux questionnement, commun à de nombreuses générations d’élèves: «à quoi cela va-t-il me servir dans ma vie?»

LE GN COMME OUTIL DE GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

À l’instar de ce que l’on peut voir dans le film de 2012, Unicorn City, les jeux de rôle Grandeur Nature peuvent être et sont utilisés par les entreprises dans les gestions des ressources humaines. En effet, quoi de mieux que de mettre ses employés dans des situations d’aventures fantastiques pour développer une cohésion de groupe et un véritable esprit d’équipe?

On peut par exemple citer l’entreprise belge «Co-learning», spécialisée dans la gestion de la motivation et le team-building, qui propose tout simplement d’utiliser les jeux immersifs que sont les GN comme outils.

Les Lagoon Pirates dans les rues de Venise © Valentin Verset

LE GN COMME MOTEUR DE CRÉATIVITÉ

Si le JdR, en dehors des visuels des livres de jeu, fait beaucoup appel à l’imagination de chacun, les GN nécessitent un peu plus de concret. En effet chacun crée, compose et porte réellement le costume de son personnage, travaille une démarche particulière, une intonation de voix… Il en va de même pour les décors, monstres et créatures que peuvent rencontrer les joueurs au fur et à mesure de leur jeu. Ces quelques paramètres sont déjà moteurs d’une créativité manuelle certaine pour un grand nombre de joueurs, mais là ne s’arrête pas le paramètre artistique des jeux de rôle Grandeur Nature.

Comme dans le processus créatif d’un film de fiction, ou d’une pièce de théâtre, de nombreuses qualités artistiques peuvent être mobilisées pour un GN (costumes, décors, accessoires, lumières, maquillages, etc…). Ce terrain immersif devient un espace parfait pour faire fleurir les performances artistiques de comédiens, chanteurs, danseurs, à la créativité; notamment pour l’opportunité d’interaction unique avec les « spectateurs », qui dans ce cas ne sont plus figés dans la définition d’un public passif face à un show car on parle de joueur et donc d’un public bien actif, acteur même de l’univers de fiction dans lequel il est plongé.

Ces expériences ont bien évidemment fini par intéresser le milieu du théâtre, donnant naissance à ce que l’on appelle désormais le théâtre immersif. Faisant fi du quatrième mur, ce dernier repense complètement le rapport salle-scène.

Un lieu dédié à cette pratique nouvelle a d’ailleurs d’ores et déjà ouvert à Paris, Le Secret. Ils y proposent notamment Helsingør, le château d’Hamlet, adapté de la fameuse pièce de Shakespeare. Dans cette pièce, il n’y a pas de «hors scène», le public peut aller où il le désire, il est libre d’évoluer au coeur de l’action. Les parcours se déploient en temps réel dans un espace à six dimensions: une salle du trône, trois chambres, une chapelle, et un parc. Les intrigues se jouent en simultané et s’entrecroisent dans une narration en arborescence. Chaque spectateur est alors entraîné dans une tragédie esthétique et métaphysique qu’il sera le seul à avoir vécue comme il l’a vécue.

CONCLUSION

Le GN existe depuis toujours, mais il connaît une évolution en flèche ces dernières années! S’améliorant constamment jusqu’à offrir des expériences immersives dignes des studios de cinéma, il dépasse également le simple cadre du jeu pour s’inviter dans l’entreprise, dans l’art et dans la société. Nous espérons que cet article aura pu éveiller en vous une curiosité – et soyons fous, une vocation – aura répondu à vos questions et vous aura donné envie de tenter l’expérience!

Au plaisir de vous retrouver, chers lecteurs et lectrices, dans cet univers ou dans un autre.

 

 

LEXIQUE
GN: Grandeur Nature, appelé de manière plus complète Jeu de Rôle Grandeur Nature.
LARP: Acronyme anglais du GN qui signifie Live Action Role-Play.
PJ: Personnage Joueur, se dit du personnage incarné par un joueur. Par extension et abus de langage, se dit aussi du joueur lui-même, comme dans le JdR «sur table».
PNJ: Personnage Non-Joueur, se dit d’un personnage incarné par un organisateur ou un complice des organisateurs renonçant à la liberté d’action du joueur et se mettant au service du scénario. Une même personne peut, durant le jeu, interpréter à travers différentes apparences plusieurs PNJ. Par extension et abus de langage, se dit aussi de la personne elle-même. Un PNJ peut être affiché plus ou moins ouvertement ou dissimulé aux yeux des joueurs.
RP: Role-play, art d’agir en accord avec son personnage, ses intentions, sa psychologie, ses manières. Synonyme de «Jeu d’acteur», se dit de la crédibilité apportée au personnage dans son comportement.
HRP: Hors Role-play, interactions ou informations hors du jeu. Se dit aussi Hors-Jeu.
Background: Appelé également historique, représente le contexte et histoire d’un personnage, d’un lieu, d’un objet, d’une action.
Orga: Raccourci pour désigner la personne en charge de l’organisation du GN, référent auprès des joueurs de l’ordre, du réglements et des informations RP ou HRP.
PC Orga: Appelé également «salle orga», lieu d’informations où officient les orgas et où les différents intervenants de l’événement peuvent venir quérir des informations.
TGCM: Acronyme pour «ta gueule c’est magique», parfois utilisé à des fins humoristiques quand les orgas ne parviennent pas à justifier une action par les règles du jeu.
Time Freeze: Annonce d’orga symbolisant un arrêt momentané du jeu, les personnages ne bougent plus, ne voient plus et n’entendent plus ce qu’il se passe autour.
Crafter: Anglicisme du verbe « créer » qui désigner le fait d’utiliser différents matériaux ou ressources pour les transformer en un objet utilisable en jeu.
Black-Box: Espace de jeu neutre et isolé permettant d’interagir avec d’autres espacestemps de la narration.


JDR ET GN: DIFFÉRENCES ET SIMILARITÉS
SIMILARITÉS
• Ce sont des jeux dont le seul but est de passer un bon moment!
• JdR et GN demandent du roleplay.
• Les deux pratiques se basent sur des mondes et font appel à l’imagination.
• Des règles permettent souvent de poser un cadre au sein duquel le jeu peut se créer.

DIFFÉRENCES
• En JdR votre personnage court vite si votre fiche dit qu’il court vite. En GN votre personnage court vite… Si vous le pouvez aussi!
• Participer à un GN requiert souvent plus de temps et de budget que jouer à un JdR. Et organiser un GN on n’en parle même pas!
• Le GN est généralement l’occasion de rencontrer pleins d’inconnus, là où le JdR se joue en effectif plus restreint et souvent entre amis.
• La narration en JdR est descriptive tandis qu’en GN elle est représentative (Un rituel demandera un véritable tracé de cercle, la disposition d’accessoires et une incantation liturgique convaincante.)


CHECK-LIST
Voici une idée de check-list pour un GN classique:
• un costume, des armes et des accessoires de jeu
• de bonnes chaussures, imperméables, solides, confortables et adaptées à l’univers
• une tente de camp et de la décoration
• nécessaire de couchage (duvet, lit de camp, des boules quies…)
• de quoi grignoter, comme des fruits secs ou des barres de céréales
• des gourdes (pour de l’eau bien sûr!)
• du produit contre les moustiques
• de la crème solaire selon la météo
• des victuailles à partager avec les voisins de camp
• une lampe de poche
• une petite trousse de secours
• du papier-toilette
• un sac-poubelle
• des lingettes hygiéniques
• des vêtements de rechange pour les intempéries.


VOICI DEUX INTERVIEWS D’ORGANISATEURS DE GN, ÉGALEMENT RÔLISTES, AUX EXPÉRIENCES DIVERSES MAIS CHACUN AYANT SON APPROCHE PROPRE DU GN.

Thibaut Godard, organisateur du GN Eclypson Odyssée. Thibaut a organisé son premier GN à 16 ans, en passant son bac, pour 100 personnes et sans n’avoir jamais participé à un GN auparavant. Et c’était une réussite! La preuve que tout le monde peut se lancer dans l’organisation de GN, à condition d’être passionné.

Qui es-tu et quels ont été tes débuts avec le JdR et le GN?

Thibaut: Je m’appelle Thibaut Godard, j’ai vingt-deux ans, je suis l’un des membres-fondateurs de l’association Sculpteurs de Rêves, fondée en 2017, aux côtés de Valentin et de Maël. J’ai commencé le JdR à l’âge de quinze ans au lycée. J’avoue avoir poussé ma curiosité d’emblée vers le GN quand Maël, avec qui j’étais en seconde, m’a parlé du Jeu de Rôle Grandeur Nature. Il n’a pas fallu longtemps pour que je m’investisse au sein d’EMTT, notre précédente association, où l’objectif principal était d’ouvrir le GN à ceux qui ne connaissaient pas ce milieu. Je pense que c’est cet aspect très riche en rencontres et en découvertes qui m’a fait aimer le GN, c’est maintenant une pratique courante pour moi, on y pense et en parle un peu tout le temps avec les autres. Notre premier GN a été créé en 2013 alors que nous n’avions que seize ans et que nous passions le bac. Nous avions à cette occasion créée un cadre inédit, le monde d’Eclypson, d’inspiration médiévale fantastique. Nous en sommes aujourd’hui à quatre GN réalisés, avec notre dernière production, Eclypson Odyssée qui s’est déroulée au mois de juillet 2018, pour 400 personnes.

Comment passe-t-on du MJ de JdR à l’orga de GN?

Thibaut: Quand on a commencé, je n’y connaissais pas grand-chose au fonctionnement du JdR ou du GN. Évidemment, aujourd’hui le retard est rattrapé, mais il est vite devenu limpide que le GN a son propre mode de production différant largement de celui du JdR. Autant un MJ peut seul préparer une partie de jeu de rôle, autant la réalisation d’un GN pour un orga seul est une tâche quasi-impossible. Différents pôles peuvent être nécessaires, comme le pôle scénario, logistique, ou artistique pour les créations originales, mais on peut encore subdiviser ces pôles avec des orgas s’occupant essentiellement des joueurs ou des personnages non-joueurs, spécialisés dans les règles, l’écriture, le livre du monde, les fiches perso, les quêtes et axes de scénario … Ainsi, un bon MJ doit maîtriser les règles, avoir de l’inventivité et de l’imagination, sait peut-être jouer RP pour incarner ses PNJ, mais en GN, chaque orga essaie d’officier dans son domaine de prédilection, là où il sera le plus efficace. Je dirais qu’un MJ doit avoir plusieurs cordes à son arc et doit s’avoir s’adapter à différentes situations, là où on peut confier une tâche plus précise ou un rôle spécifique à un orga de GN.

Quels postes as-tu exercé au sein de l’équipe orga ? Quelles expériences en as-tu retenues?

Thibaut: Nous avons beaucoup évolué au fil des expériences. Pour nos débuts, les rôles n’étaient pas bien définis. Dans notre équipe réduite, chacun s’occupait autant de la coordination que de l’écriture et de la logistique. Une gestion peu efficace… Mais qui nous a quand même permis de réaliser des GN avec de bons retours. Et c’est avec Sculpteurs de Rêves que tout a changé, car nous avions la volonté de faire mieux, plus efficace, plus grand. De porter le GN au rang d’art ! Nous avons donc créé une nouvelle organisation par pôle avec des tâches précises afin de maximiser les qualités de chacun. Ainsi, pour Eclypson Odyssée, je me suis chargé seul de la gestion des PNJ. Ce ne fut pas une tâche facile, je fus quelque peu dépassé par l’ampleur de l’événement, du scénario et la gestion des soixante PNJ. Néanmoins, j’ai passé un agréable moment, soutenu par les membres de mon équipe mais également par mes PNJ, car il y a une reconnaissance de l’effort dans ce milieu, et un grand soutien moral et physique. Ce sont toutes ces mains tendues qui m’ont permis d’accomplir ma mission, laissant des sourires sur les visages et des souvenirs en mémoire. Mais quelle leçon puis-je tirer de cette expérience? Je dirais qu’en GN comme en JdR, il faut s’investir dans l’organisation de la partie, suivre avec attention l’histoire du monde, les règles et surtout, être alerte au déroulement du jeu, pour pouvoir efficacement rebondir.

Le travail d’équipe dans l’organisation d’un GN est primordial, mais qu’apporte-t-il en plus que le rôle de MJ ne propose pas?

Thibaut: Je pense que c’est unanime dans la communauté: le GN est vecteur de lien social. C’est une expérience incroyable pour créer des amitiés, voire en renforcer! Ce qui ressort vraiment du GN, c’est l’élaboration d’un monde vivant qui sera incarné par un certain nombre de joueurs, c’est la volonté de voir ses efforts s’animer devant soi pour un week-end, c’est le plaisir de créer de la joie et des souvenirs, mais surtout, de le faire ensemble. Organiser un GN est un projet conséquent, mais qui apporte énormément sur le plan social. À travers cette pratique, nous partageons une passion. C’est une tâche ardue seul, mais à plusieurs, cela devient réalisable. Et ça crée des liens incroyables. C’est aussi un avantage au niveau professionnel: un orga développe des compétences dans tous les postes de l’événementiel, comme le management, la logistique ou la communication. C’est un bonheur de réaliser des GN, de créer des choses que l’on aime et de voir d’autres personnes s’imprégner et enrichir cet univers. «Je sers le GN et c’est ma joie!»

 

Cedrick, organisateur du GN La Mémoire des Ombres. GNiste et rôliste expérimenté, Cedrick fait souvent des liens entre l’une et l’autre de ces activités. Il est notamment l’organisateur du GN la Mémoire des Ombres, inspiré des Ombres d’Esteren.

Qui es-tu et quels ont été tes débuts avec le JDR et le GN?

Cedrick: Je m’appelle Cedrick, j’ai trente-quatre ans, je suis militaire et membre de l’association QBA, un collectif d’organisateurs aux expériences et origines diverses. J’ai débuté le GN et le JdR à peu près à la même époque, à mes quinze ans. J’ai donc connu les débuts laborieux du GN avec des terrains et des espaces peu adaptés et travaillés, les armes faites-maisons pour pas cher, les scénarios peu recherchés avec une approche très gamiste et élémentaire inspirée du JdR. J’ai toujours cherché à explorer différentes époques, différents mondes. J’ai réalisé et joué également des murders et des huis clos. Au niveau du JdR j’ai aussi mon petit passif: j’ai fait MJ sur l’Appel de Cthulhu – le Masque de Nyarlathotep, joueur sur Pathfinder, un peu des Secrets de la septième mer également… Pour en revenir au GN, plus jeune je vivais dans le Sud-ouest et j’ai participé à la réalisation des Uchroniques d’Ascandor, un monde med-fan original développé par mon asso de l’époque. Aujourd’hui, je vis sur Paris et avec QBA nous avons proposé dernièrement le GN la Mémoire des Ombres, inspiré des Ombres d’Esteren, réalisé entre amis et nouveaux-venus, aux expériences diverses mais unis par une motivation commune.

Comment passe-t-on du MJ de JdR à l’orga de GN?

Cedrick: Tout d’abord, je pense qu’il y a une passerelle commune entre ces deux rôles: vouloir proposer une expérience aux joueurs. Le JdR est plus local, il est alors plus aisé de faire plaisir indépendamment à chaque personne autour de la table. Mais il y a la même intention lorsqu’on organise un GN, l’échelle est simplement différente. Bien sûr, le travail de MJ et d’orga diffère sur de nombreux points. Un MJ fait en sorte de maîtriser les aspects de son jeu, les ressorts d’ambiance sont faciles à installer avec de la musique, des mises en scène simples et efficaces, ce qui en GN passe par le travail d’équipe. Pour la Mémoire des Ombres par exemple, nous avons réuni une équipe en proposant des idées de jeu, de sorte à ce que chaque personne amène une part d’ellemême. Cela demande donc de savoir écouter les autres, travailler ensemble et savoir partager les tâches et les responsabilités et de soulever les bonnes questions: On ne peut pas gérer un GN comme un JdR, on ne peut pas, seul, contrôler tous les événements à une échelle pareille. Le JdR et le GN partagent une même culture, mais pas la même mécanique.

Quels postes as-tu exercés au sein de l’équipe orga? Quelles expériences en as-tu retenues?

Cedrick: Principalement coordinateur, je me plais également à la rédaction et à la conception du jeu, penser le scénario ou imaginer des mécaniques de jeu. Mais je me tiens à ce poste de coordination qui me sied bien. Ce que je retiens de mes expériences d’organisation de GN, c’est qu’il est primordial de recruter des gens motivés par le projet. C’est une activité chronophage, bénévole, qui demande beaucoup d’investissement et d’énergie. Il est donc primordial d’avoir des gens de confiance, un noyau dur d’orgas qui tient la barre et fait suivre les autres en montrant la voie. Mais il faut également savoir déléguer, répartir le travail et les tâches. Un conseil essentiel: se faire un calendrier avec des deadlines et s’y tenir. Important pour ne pas s’éparpiller et crouler sous les tâches non-terminées et les objectifs non-atteints.

Comment appréhendes-tu le travail de l’orga dans le cadre de votre association?

Cedrick: Comment apporter de nouveaux outils, un visuel, des idées? Comment les concrétiser lors du jeu pour offrir des expériences uniques et du plaisir aux joueurs? Il est très bon de s’inspirer des escape games qui adoptent un système très valorisant pour les joueurs. Le but étant de proposer quelque chose dont ils n’ont pas l’habitude. Il faut voir les choses autrement, ne pas hésiter à changer, bouger, bousculer les codes et à se déplacer dans les mondes pour exploiter les idées.


PAROLES DE JOUEURS
«Une charge de mille GNistes à Conquest Of Mythodea. Des frissons rien qu’en y repensant!» — Joueuse anonyme

«Le plaisir et la fierté: cette année j’ai fait découvrir à un cousin de quinze ans et une cousine de treize ans le GN. L’un jouant roublard, l’autre une érudite, j’ai eu le plaisir de les voir se prendre totalement au jeu après un temps d’adaptation et, alors qu’on quittait le terrain, ils me demandaient en voiture « Mais il y en a d’autres des GN ? Parce qu’un par an ça fait court, on veut en faire plus!». Mission accomplie.» — Joueur anonyme

«PNJ avec deux autres personnes, nous devions jouer des paysans défendant leur champ contre les PJ venus chercher des ressources. Ce qui aurait dû être une simple quête de récolte et prendre un tournant soit diplomatique, soit avec les trois péons assommés et détroussés s’est conclu avec un PJ aveuglé et rendu fou et l’obligation d’employer une forme de nécromancie afin de «sauver» l’une des paysannes, dont un autre PJ avait tranché la gorge «par accident». Plus tard dans le même GN, les joueurs ont libéré des démons majeurs pendant une partie de carte. C’était bien.» — Joueur anonyme

« 2008, GN Game of Thrones. Je venais de me séparer de ma femme dans la quinzaine qui précédait et je remplace au pied levé un absent sur un GN où je suis invité pour me changer les idées, par un ami qui me voulait du bien. Le personnage est donc une surprise, une sorte de Jorah pour Daenerys qui est effectivement jouée par une femme qui est depuis devenue une amie elle aussi. Le jeu est fait de telle sorte que son personnage doit se marier en secret avec un héros local alors que mon personnage est fou amoureux d’elle. Comme le mien est l’homme de confiance du sien, elle me demande d’être un de ses témoins à son mariage. J’ai beaucoup pleuré pendant la célébration et j’ai chanté avec la voix cassée, à la fin du GN les nouveaux ami.e.s que je venais de me faire m’ont pris dans leurs bras en me disant que c’était un truc de fou de jouer avec moi. J’avais digéré mon divorce en un week-end. Le GN c’est bon, mangez-en, mais il faut accepter les surprises, sans lâcher prise, tout cela ressemble à une obsession de contrôle malhabile.» — Joel Nichanian


LIENS UTILES
CALENDRIER
FédéGN.org: Le site de la fédération nationale du GN offrant plein de ressources, dont un calendrier et un annuaire des associations.
Cocolarp.com: Un calendrier de GN offrant un système de filtres très pratiques.
-Live-Multiverse.eu: une plateforme de référencement et d’inscription en ligne pour le GN et l’Airsoft.

BLOGS
Electro GN: un blog avec pleins de ressources sur l’organisation de GN.
Murderparty.fr: un large choix de scénarios de huis clos prêts à être organisés.
La boîte à GN: une plateforme de référencement et d’inscription en ligne pour le GN et l’Airsoft (site internet actuellement en bêta-test, informations sur leur page Facebook).

FABRICATION
Trollcalibur: un forum de référence pour les tutoriels et les conseils de GNistes.
Instructables.com: un site de tutoriel en anglais très fourni!
-Lazy Larper: une chaîne YouTube proposant plein de vidéo de GN, dont des tutos de costume.

ACHAT
-Les revendeurs comme l’Atelier du GN ou Mon GN.
-Les armes Calimacil, un peu chères mais réputées pour leur solidité et leur esthétique.
-Les artisans comme Atelier Mad Maker, Ateliers Nemesis, Onirium Studios, l’Atelier de Fuujin. et bien d’autres!

YOUTUBE
Mo Mo O’brien, Larp Girl et Larp House sont des chaînes YouTube qui présentent des GNs, lieux, costumes et scénarios sous forme de vlogs.

PHOTOGRAPHES DE GN
PhotoGNik.com, Olivier Girard Photographie, Jean Pierre Léger, Laureen Keravec et Bina – GN Tophography

EXTRA CREDITS
Lagoon Pirates: troupe d’artiste utilisant le GN pour envahir le Carnaval de Venise.
Sculpteurs de Rêves: association offrant toute sorte d’expériences immersives dans différents univers.

Laisser un commentaire