D&D5: HOARD OF THE DRAGON QUEEN

LIBÉRER TIAMAT!

POUR LE LANCEMENT DE LA CINQUIÈME ÉDITION, WIZARDS OF THE COAST AVAIT BESOIN DE SORTIR UNE CAMPAGNE QUI S’APPUIE SUR LES NOUVELLES RÈGLES ET SUR «TYRANNY OF DRAGONS», LA STORYLINE QUI STRUCTURE TOUS LES PRODUITS D&D, DES JEUX VIDÉO AUX ROMANS EN PASSANT PAR LES FIGURINES ET LES COMICS. SEULEMENT VOILÀ, LES ÉQUIPES DE DÉVELOPPEMENT DE LA MAISON AYANT DÉJÀ LA TÊTE SOUS L’EAU AVEC LE TRIPTYQUE DE BASE, IL LEUR FALLAIT DU RENFORT. MIKE MEARLS DÉCROCHA ALORS SON TÉLÉPHONE ET APPELA À LA RESCOUSSE WOLGANG BAUR ET STEVE WINTER…

TITAM - JDR MagD&D Rise of Tiamat
Auteurs: Collectif
Illustrateurs: Collectif
Éditeur: Wizards of the Coast
Genre:  Med-fan

TRAITS
Background:
-très classique
-rafraîchissant

Gameplay:
-original
-bien adapté à D&D5

Produit:
-parsemé de quelques fautes et oublis
-facile à prendre en main

Ainsi, Baur et Winter, deux designers vétérans qui avaient déjà bossé sur D&D par le passé avant de monter leur propre structure, Kobold Press ont signé un accord de sous-traitance donnant naissance à une campagne en deux parties, qui commence dès maintenant par Hoard of the Dragon Queen et qui se conclura en octobre par Rise of Tiamat. Les héros devront y faire échec aux plans du culte du Dragon qui a décidé d’arrêter un peu de créer des dracoliches pour plutôt libérer Tiamat, la déesse des dragons chromatiques, de sa prison des neufs Enfers pour lui donner le monde des Royaumes oubliés en offrande. Partant d’une bible fournie par Wizards présentant la storyline du point des vue des méchants, le job de Kobold Press était non seulement de trouver un moyen d’impliquer petit à petit les joueurs dans les plans du culte mais aussi de leur faire découvrir en douceur la nouvelle édition. De ce côté-là, c’est plutôt réussi.

La campagne n’est peut-être pas d’une originalité folle dans les thèmes qu’elle aborde, mais la façon dont elle est écrite change assez radicalement de ce qu’on a pu connaître toutes ces dernières années. Ici la priorité n’est pas de proposer des rencontres mécaniquement parfaites dans leur équilibre, mais plutôt de raconter une chouette histoire dont les joueurs sont les héros. Rassurez vous, il y a quand même de l’exploration de donjons et des monstres à dégommer, mais il y a surtout des bonnes scènes à faire vivre à ses joueurs qui, pour une fois, sont encouragés à s’en sortir en étant malins et inventifs, plutôt qu’en atomisant tout ce qui se dresse sur leur chemin. D’ailleurs Steve Winter résume parfaitement cette philosophie quand il parle du tout premier scénario de la campagne où une attaque massive du culte du Dragon réduit en cendres le village de Greenest: le but des personnages, qui ne sont que des premiers niveaux, n’est pas de vaincre le culte, mais simplement de survivre à leur attaque, si possible en sauvant un maximum d’innocents au passage. Ils ne sont pas non plus censés réussir toutes les missions que le scénario leur propose, ni massacrer tous les adversaires qui ont envahi la ville; l’idée est plutôt de donner des options au meneur et, le plus souvent, la discrétion et la fuite seront les meilleures décisions à prendre. Les auteurs se sont donc appliqués à guider le meneur par la main pour lui proposer, tout au long de l’aventure, les règles nécessaires pour permettre aux personnages de surmonter les obstacles sans forcément recourir à la violence, ce à quoi les mécaniques de la cinquième édition se prêtent admirablement bien.

Les PNJ sont nombreux et avant tout décrits selon leur caractère, leurs objectifs et la façon dont ils peuvent interagir avec les personnages, tout le côté «mécanique» étant renvoyé à un appendice en fin d’ouvrage et au bestiaire monstrueux. Encore une fois, tout est fait pour mettre l’accent sur l’histoire et non sur les mécaniques de jeu, que ce soit à travers le texte qui fourmille d’idées, ou les illustrations nombreuses et d’excellente qualité.

Hoard of the dragon queen marque aussi les premiers pas des joueurs dans la version cinquième édition des Royaumes et leur fait parcourir un bon bout de chemin le long de la côte des Épées. Les régions traversées ne sont pas forcément décrites en grand détail et, en dehors des éléments liés directement au plan du culte du Dragon, l’aventure compte beaucoup sur la capacité du meneur mettre en scène ses propres idées. C’est aussi l’un des effets secondaires de la volonté des créateurs des Royaumes oubliés, Ed Greenwood et R.A. Salvatore en tête, de redonner de l’espace aux meneurs et du mystère aux Royaumes, en s’éloignant de la démarche encyclopédique qui avait fait la marque de fabrique de la gamme jusqu’à présent, pour revenir à une présentation plus subjective des Royaumes, faite de légendes et de rumeurs parmi lesquelles les meneurs pourront piocher selon leur sensibilité.

Malgré quelques erreurs et oublis dans le texte (il manque par exemple la légende de la carte du premier scénario) que l’équipe éditoriale débordée a laissé passer, Hoard of the dragon queen offre un début de campagne on ne peut plus sympathique et rafraîchissant. De plus l’aventure est excessivement facile à prendre en main, et les plus impatients devraient pouvoir commencer à jouer le jour même de leur achat tellement les auteurs ont tout fait pour épauler le meneur à chaque instant et s’assurer que celui-ci ne se retrouve pas perdu dans le style de jeu plus informel que privilégie la cinquième édition. D’ailleurs, il faut que je vous laisse, j’ai des joueurs à faire trembler à coups de dragons qui m’attendent.

Thomas Laidet.

 

UNE SCÈNE COUPÉE EN BONUS!
(Attention: spoiler! PJ s’abstenir!)

Dans leur collaboration avec Wizards, Kobold Press n’a pas toujours eu gain de cause et certains passages de l’aventure ont dû être coupés. Steve Winter nous a révélé en exclusivité à la Gen Con l’une de ses rencontres qui, à son grand regret, n’a pas été retenue dans le document final. Celle-ci faisait partie des événements aléatoires qui peuvent survenir sur la route lors de l’épisode 4.

La caravane y voit son chemin bloqué par une gigantesque procession de deux cents flagellants adorateurs de Loviatar, la Dame des Douleurs, qui avancent comme des tortues tout en se fouettant le dos en l’honneur de leur déesse. Les héros sont désignés par les marchands qu’ils accompagnent pour aller les convaincre de quitter la route afin de laisser passer les chariots. Malheureusement, les fanatiques font la sourde oreille et toute tentative de recourir à la force se montre vaine puisque les sectateurs masochistes ne demandent qu’à se faire tabasser. À moins de se résoudre à massacrer des dizaines de ces pauvres fous, il faut trouver une autre solution. L’idée serait alors de repérer leur chef, qui est beaucoup plus motivé par le pouvoir qu’il a sur sa troupe que par une réelle dévotion à Loviatar. Une bourse bien remplie, accompagnée de flatteries et de quelques jets de persuasion, devraient réussir à le convaincre de faire dévier ses ouailles de leur route, pour les amener à plutôt aller se rouler dans le cruel champ de ronces à proximité où ils pourront joyeusement s’écorcher pour la plus grande gloire de leur déesse.

Cette dernière scène, ayant été jugée un peu trop trash par Wizards, fut coupée au montage. Heureusement, grâce à nous, vous pourrez faire plaisir à Steve en la réintégrant à sa juste place dans la campagne!

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