VAMPIRE – LE REQUIEM

ORIENTATION

Pour à la compréhension du scénario, la lecture du Paris by Night de Tristan Lhomme (voir Casus Belli 21, p. 194) est indispensable. Les références renvoient à la première et à la seconde édition du jeu, mais seule la seconde édition de Vampire: Le Requiem est nécessaire. Le supplément Goules peut être utile pour traiter le PNJ de Samia.

AUTEUR: Florent Martin
ILLUSTRATION:
ÉDITEUR: Agate RPG pour la seconde édition française

SYNOPSIS
Cette histoire se déroule en France, de nos jours. La capitale est sous la coupe d’un Directoire à trois têtes, un triumvirat où les Princes se partagent «équitablement» le pouvoir. Jean Faramont, un Mekhet carthien, est en réalité le véritable détenteur de l’autorité. Troy, un Nosferatu carthien, se cantonne au rôle d’un figurant sans influence. Émilienne, une Gangrel du Lancea & Sanctum, manoeuvre quant à elle pour prendre les rênes de la ville.

Faramont, conscient des ambitions d’Émilienne, souhaite fragiliser le pouvoir religieux. Pour cela, il veut nouer une alliance avec les Carthiens d’Europe. Le Mekhet s’emploiera donc à détourner l’attention de sa collègue en exploitant son point faible : la foi des adeptes du Lancea & Sanctum. Il espère ainsi l’inciter à admettre l’existence d’une ligue secondaire improbable, mais assez crédible pour perturber ses convictions. Par la suite, il compte faire planer la menace fictive d’une insurrection sur l’ouest des Invictus du Moyen-Orient, avec la complicité imaginaire de l’Invictus français.

Les PJ seront les ultimes pions du Prince de Paris dans sa tentative de déstabilisation d’une rivale gênante. Tout d’abord conviés à une réception très sélective, ils seront amenés à suivre un Vampire étranger de passage dans la capitale, la pièce-maîtresse d’une machination redoutable.

SCENARIO

Introduction
C’est un événement exceptionnel qui attire ce soir les Vampires de la capitale à l’Élysée. Celui-ci se trouve au Musée du Vin, dans la Colline de Chaillot, face à la Tour Eiffel. D’ordinaire utilisé pour les bals, le musée accueille parfois des personnalités étrangères. Il se trouve justement que, la veille, un énigmatique visiteur inconnu de la communauté caïnite a officiellement demandé à se présenter aux Princes, comme le veut la Tradition. Toujours échaudés par l’«incident Dracula» survenu moins de vingt ans auparavant, néanmoins intrigués, ces derniers ont accepté la requête. Au terme d’un consensus, le Directoire a choisi de rendre la réception publique, dans la perspective de renforcer son aura internationale.

Entre les murs en pierres apparentes et les couloirs étroits aux plafonds voûtés, on trouve là un buffet copieux et des cocktails distribués par les goules au service. Les petits plats ont été mis dans les grands pour impressionner l’auditoire.

Les trois Princes siègent sur des fauteuils en velours pourpre, dans une large alcôve légèrement surélevée cernée par des rideaux, au fond de la salle de réception. L’espace est réduit et tous les vampires parisiens ne sont pas invités, seulement une poignée d’entre eux s’est vue accorder ce privilège. Des PJ expérimentés peuvent noter la présence de personnages illustres, notamment Louis-Henri d’Aniellet, un Mekhet à la tête de l’Invictus local. Celui-ci est bien entouré, accompagné d’un élégant duo. Une blonde vêtue d’une robe blanche se tient à sa gauche, et une rousse parée d’une robe rouge à sa droite. Le Haut Juge Mercier se trouve là également, avec son air débonnaire dont il ne peut se départir. Non loin de lui, un homme au crâne rasé et à la mine patibulaire, type militaire, « fait un peu tache » dans cette ambiance chic. Il s’agit du Commissaire Chassin, un Daeva carthien responsable de la «police vampirique». Momus, le Nosferatu propriétaire du «Théâtre Cruel», se tient à carreaux. Son apparence n’a rien d’effrayante, mais quand il s’exprime des voix chuchotent autour de lui… D’ailleurs, les rumeurs vont bon train, et on peut notamment apprendre que le Lancea & Sanctum s’apprête à introniser un nouveau membre, d’ici une semaine. La cérémonie se déroulera comme d’habitude dans la crypte de l’ancien prieuré de Notre-Dame-des-Champs, rue Pierre- Nicole.

Au pied des fauteuils, séparé d’eux par quelques marches, un colosse patiente. Son aspect est celui d’un homme dans la force de l’âge, de type maghrébin, vêtu d’un costume sombre. Chauve, il arbore une barbe noire frisée parfaitement taillée. L’étranger, immobile, captive l’attention de l’assistance. Légèrement en retrait, une jeune femme à la beauté androgyne l’accompagne. Son corps frêle à la peau caramel est serré dans un tailleur noir à jupe courte. Le regard impitoyable de la demoiselle est cerné de mascara, et reste figé dans une expression dure et farouche. Elle fixe sans ciller Troy, apparemment fascinée par la laideur du Prince nosferatu, qui feint d’ignorer l’affront. Sa nature humaine est évidente pour un Vampire. C’est l’occasion de remarquer la fine chaînette dorée qui entoure sa cheville, signe d’appartenance à son maître.

Visiblement peu impressionné par le déballage de luxe, l’homme se présente comme étant Monsieur Akhim, après y avoir été autorisé. Sa voix est teintée d’un léger accent arabe. Le Vampire révèle ensuite son appartenance au clan Mekhet. Il déclare être originaire du Liban, et vivre à Dubaï. Enfin, il présente sa goule et assistante en qui il accorde toute confiance, Mademoiselle Samia. Celle-ci ne prononce pas un mot. Tout le monde attend la mention de sa ligue, en vain. Akhim reste muet. Finalement, Émilienne se décide à poser la question avec toute la diplomatie d’usage, et entraîne ainsi une réponse immédiate en langue arabe. Un ange passe, les regards perplexes se multiplient, remarqués par Akhim qui s’excuse aussitôt. Il ajoute alors: « Cela signifie: “Les Gardiens de la Sainte Croix». Nouveau silence. S’il est satisfait de son effet, le prétendu Mekhet n’en laisse rien paraître. Le moment est venu de divulguer la prétendue raison de sa venue (cf. encadré «Les Gardiens de la Sainte Croix»).

À l’écoute d’Akhim, Émilienne peine à dissimuler son intérêt (elle plisse les yeux, se pince les lèvres, se touche le menton…). Son exposé clos, l’invité en vient au clou de sa mise en scène, si l’on peut dire. Cérémonieusement, il extrait un écrin en cuir d’une poche intérieure de sa veste. Une rumeur se répand à l’instant où il fait apparaître quatre vieux clous rouillés à têtes carrées, à la pointe aussi longue qu’une main. Brusquement, Faramont abrège alors la séance d’une manière frôlant l’impolitesse, en s’exclamant «Tout cela paraît fort intéressant, nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard. » Il autorise Akhim et Samia à séjourner sur son territoire, et le Vampire à se nourrir dans son quartier (Saint-Michel). Les deux étrangers sont remerciés. La plupart des invités restent sur place, pour profiter de la réception et se répandre en ragots. Discrètement, l’une des goules au service avertit les PJ que Monsieur Faramont souhaite s’entretenir avec eux. C’est l’occasion de les rassembler, s’ils ne se connaissent pas encore. Il serait très malvenu de refuser l’invitation.

Entretien avec un vampire
Le serveur guide les PJ à travers des couloirs tortueux et les fait entrer dans une pièce isolée, à l’égard des oreilles indiscrètes. Faramont les accueille à sa table. Qu’il les connaisse ou pas, il tutoie les Vampires et leur offre un verre, avec sa bonhomie habituelle. Le Prince, chef d’orchestre du coup monté, feint l’incertitude. Il prétend essayer de temporiser les choses, pour s’accorder un temps de réflexion. Selon lui, «Dans notre milieu, il n’est jamais prudent d’agir de manière impulsive.»

Après avoir congédié Akhim et Samia, le Directoire s’est brièvement entretenu à propos de cette histoire de « Gardiens de la Sainte Croix » et, bien qu’intrigué, n’y croit qu’à moitié. La branche secrète d’une ligue, dont personne n’aurait entendu parler à ce jour? L’affaire est délicate, il peut en effet s’agir d’un complot de l’étranger (ou même local) destiné à infiltrer la Mascarade. Une filature est à exclure, Akhim semble puissant et les PJ seraient aussitôt repérés. En outre, Faramont leur interdit formellement de voler les clous, en les menaçant de manière implicite. Ces derniers seront examinés en temps et en heure, mais rien ne presse. Il préfère opter pour une surveillance rapprochée de ses invités via des « guides touristiques », afin de récolter quelques informations. Le Prince propose à cet effet une liste de lieux susceptibles de les intéresser : les musées, le Théâtre Cruel du Nosferatu Momus, et les églises de la capitale. En conclusion, il laisse aux Vampires son numéro de portable, «en cas de pépin».

Un petit tour au Paradis
Akhim et Samia logent au Paradis, un hôtel de luxe des Champs Élysées tenu par l’Invictus. La ligue de d’Aniellet accepte de prêter une suite royale, à la demande de Faramont. Par cette manoeuvre, celui-ci espère suggérer une connivence entre les deux étrangers et l’Invictus. Les PJ peuvent les y conduire, ou les retrouver là. Une fois sur place, Akhim annonce clairement à ses guides qu’il espère s’entretenir de nouveau avec le Directoire, afin d’aborder ses intentions plus en profondeur. Pour l’heure, il compte bien profiter de son voyage pour satisfaire sa soif de culture religieuse pendant quelques jours, sept au plus, en attendant d’être contacté par les Princes. Cela tombe plutôt bien, puisqu’il s’agit de la durée nécessaire à Faramont pour conclure ses alliances. C’est leur premier séjour en France, et Akhim est très excité à l’idée de visiter les églises et les musées parisiens. Dans l’éventualité où les PJ seraient par trop tentés, il tient à préciser que les clous sont conservés dans un endroit sûr.

Il est fort possible que les PJ envisagent de fouiller sa chambre. Le Conteur peut alors dédoubler l’intrigue. Les uns occupent leurs protégés (cf. encadré «Conversation et bavardages avec Akhim»), pendant qu’un autre explore la suite. Akhim s’interroge naturellement sur sa disparition, et se contente d’une excuse bidon en réponse. En réalité, il espère bien voir ses accompagnateurs tomber dans son piège. Il a en effet anticipé les événements en disposant soigneusement de faux indices, destinés à le faire passer pour un imposteur obéissant à un complot d’ampleur internationale diligenté par les Invictus d’Orient.

Là où les choses se compliquent, c’est que d’Aniellet, chef de l’Invictus local, a flairé le coup (cf. encadré «D’Aniellet contre-attaque»). Le Paradis lui appartient, et la chambre a déjà été fouillée par ses employés. Pour l’heure, il rumine sa revanche, et ne souhaite pas attirer l’attention en interférant avec le plan de Faramont. Les agents de sécurité et les portiers de l’hôtel laissent passer le PJ en détournant le regard, et les chambres sont étrangement déverrouillées.

La chambre d’Akhim
La suite est la plus prestigieuse de l’hôtel. Son luxe semble un brin déplacé pour le membre d’une organisation religieuse, mais Akhim l’a pourtant acceptée de bonne grâce. Une grande baie vitrée offre un panorama sur les Champs Élysées. À l’horizon, on peut admirer la Tour Eiffel illuminée. Une garde-robe incrustée dans le mur recèle plusieurs costumes Armani. Une Bible est posée sur la table de nuit. Un ordinateur portable est ouvert sur son bureau, bien en évidence.

• Les mails de sa messagerie sont archivés, et on peut en prendre connaissance rapidement. En dehors des documents logiques et attendus (factures de bagages et de taxi, billets d’avion à en tête d’Emirates confirmant la provenance d’Akhim…), on peut y trouver des informations surprenantes. Des confirmations bancaires attestent d’importants virements émis par des banques saoudiennes vers des structures françaises, en transitant par des paradis fiscaux. Ils sont assez variés: partis politiques, groupes médiatiques, et même un célèbre club de football. Tout est orchestré pour suggérer l’influence d’une puissance étrangère sur la France, dont Akhim serait l’intermédiaire.
• Dans les favoris du navigateur, on peut voir qu’Akhim dispose d’un abonnement à la chaîne payante Tenfix. Son mot de passe est enregistré, on peut donc accéder à son compte ainsi qu’aux derniers films visionnés. Ces derniers attestent de son intérêt pour le mystique et le religieux, mais de façon plus triviale avec des films comme Les Dix Commandements, Noé, Da Vinci Code ou la série des Indiana Jones.
• L’historique du navigateur témoigne de visites fréquentes à des sites pornographiques. Il s’agit là bien sûr d’un indice involontaire, une erreur grossière due à la nature de Daeva d’Akhim. Ce dernier s’est un peu laissé enivrer par l’atmosphère libertaire de la capitale.
• En fouillant la poubelle, il est enfin possible de faire une découverte étonnante, qui infirme définitivement l’hypothèse des Gardiens de la Sainte-Croix. Jeté tout au fond, un ticket de caisse chiffonné de Mastorama liste quatre gros clous, un pinceau, et un pot de peinture couleur rouille…

La salle de bain
Comme le reste de la suite, elle affiche un luxe impressionnant. Ce grand espace en marbre blanc abrite une baignoire, une douche sans cloison pour deux personnes, et même un jacuzzi. Le Daeva a commis là sa seconde erreur, car tout est présent en double. Brosses à dents, peignoirs, serviettes… Il semble que Samia ait passé une ou plusieurs nuits (ou plutôt jours) à ses côtés. Cette découverte devrait alerter les PJ sur la relation que le Vampire entretient avec sa goule, ou bien la confirmer. Elle n’a rien d’un scoop, mais peut-être commenceront-ils à avoir des doutes sur sa nature de Daeva.

La chambre de Samia
Les PJ souhaiteront sûrement aussi fouiller la chambre de la goule, voisine de celle d’Akhim. Ils n’y trouveront rien de bien intéressant. La secrétaire conserve son PC portable et son mobile sur elle. Quand bien même, elle ignore tout du plan de Faramont dont elle n’est qu’un pion. Elle sait que son patron a menti au Directoire, mais considère que cela ne la concerne pas. Samia reste au service d’Akhim, sans poser de questions.

Cependant, si les PJ fouinent dans sa garderobe, une découverte cocasse les attend. Derrière son air sévère, la goule dissimule une collection de lingerie affriolante. Pire: elle possède une collection de jouets érotiques (collier en cuir, menottes, etc.). Son «attirail» suggère fortement la pratique de jeux SM avec son supérieur… Le but, bien sûr, consiste à suggérer sa nature de Daeva, ou à la confirmer.

En conclusion, l’exploration du Paradis permet de constater qu’Akhim est un menteur (si les clous sont bidons, que penser des Gardiens de la Sainte-Croix?), qu’il entretient une relation avec sa goule, et qu’il est de surcroît un peu obsédé sur les bords. Ces découvertes influenceront sûrement le comportement des PJ lors du séjour dans la capitale, s’ils ont eu l’idée d’enquêter avant de jouer les guides. Il est ainsi imaginable qu’ils demandent imprudemment des comptes à Akhim, et lui opposent ses mensonges.

• Akhim reconnaît sans problème sa relation avec Samia. «Après tout, elle est ma goule et j’en dispose comme bon me semble…»
• Interrogé sur les clous, il accélère le déroulement de son plan et met tout sur le dos de l’Invictus d’Orient, qui l’aurait selon lui payé grassement pour gérer ses investissements à Paris et mentir au Directoire. Bien entendu, d’Aniellet est impliqué.
• Averti, Faramont fait mine d’être contrarié. «Au fond, je m’en doutais bien… Je prendrai les mesures qui s’imposent. Continuez à accompagner Akhim et Samia pendant ce temps. Je veux les garder à l’oeil.» Naturellement, il n’en fait rien. Il espère surtout que les PJ transmettront les informations à Émilienne par la suite.

Les musées
Logiquement, Akhim va renforcer son mensonge en jouant le rôle d’un féru de religion, de mythologie et d’Histoire. Parmi toutes les visites proposées, sa préférence va au musée de l’Institut du monde arabe (boulevard Saint-Germain, fermeture entre 18 h 00 et 19 h 00). Faramont, qui dispose d’un large réseau, lui ouvre ses portes pour la nuit. Seul le Musée du Louvre reste inaccessible: l’influence des Vampires ne s’étend malheureusement pas au plus célèbre musée du monde.

Les visites se révèlent particulièrement ennuyeuses pour les PJ. Akhim, accompagné de Samia (qui prend beaucoup de photos), observe les statues, tableaux et autres pièces archéologiques durant des heures sans bouger, avec un intérêt certain pour les oeuvres religieuses.

Le Théâtre Cruel
Il est possible de visiter une curiosité vampirique locale: le Théâtre Cruel. En suggérant sa visite, Faramont souhaite agacer Émilienne, car le Lancea & Sanctum désapprouve ses pratiques. Tous les Vampires savent où trouver Momus, le Nosferatu propriétaire des lieux, qui vit dans un petit local du XXe arrondissement. Le Prince l’a déjà contacté, et il attire aussitôt les PJ en aparté pour leur faire une confidence. Croyant faire plaisir à ses invités, il compte mettre en scène une saynète inspirée des Mille et Une Nuits. La durée des pièces, qui se déroulent parfois sur plusieurs générations, est incompatible avec la brièveté du séjour d’Akhim et Samia. Momus promet donc de la limiter à une vie mortelle, et de tenir au courant les spectateurs de son évolution grâce aux moyens de communication modernes.

Les choses vont ici mal tourner, car Akhim prend très mal cette parodie grotesquement contemporaine du célèbre conte oriental. Dès qu’il comprend la teneur de la pièce, Akhim s’isole à l’écart et appelle Faramont pour l’invectiver. En représailles, il le menace de ne plus participer à son plan. L’événement est utile, car Akhim perd toute prudence et parle trop fort. Il demande des comptes, avant de menacer le Prince par un équivoque «Si les choses doivent se passer ainsi, je préfère tout arrêter!». Celui-ci a toutes les peines du monde à le calmer. Par la suite, Momus reçoit un appel de Faramont puis, tout penaud, présente ses plus humbles excuses avant d’arrêter prématurément la pièce.

Les églises
Dans l’idéal, le séjour touristique devrait se clore sur cet épisode. Akhim entretient une image d’homme pieu, et si on ne lui a pas encore proposé il
insiste pour faire le tour des cathédrales. Son premier souhait porte sur les vestiges de Notre-Dame, récemment incendiée. Il est possible de s’introduire
la nuit sur le chantier de reconstruction.

À l’intérieur, une surprise de taille attend les visiteurs. Tout au fond, devant l’autel, Émilienne se tient droite comme un I. C’est une femme à l’autorité naturelle indéniable, aux airs de mère supérieure. Son regard troublant conjugue la nature sauvage et farouche des Gangrels à la rigidité du Lancea & Sanctum. Émilienne fait preuve d’une extrême courtoisie, et tient à assurer la visite elle-même dans le sinistre décor malgré son statut prestigieux. Avertie du passage des étrangers dans un sanctuaire sous sa garde, elle compte en réalité faire une petite démonstration de pouvoir. La Gangrel peine toutefois à cacher son impatience, et demande vite à Akhim «s’il a les clous sur lui».

Ce dernier réaffirme les avoir placés dans un endroit sûr. Émilienne insiste et veut les voir, mais Akhim reste ferme. Elle se calme alors, et adoucit son discours en essayant de le gagner à sa cause en révélant un secret. La Gangrel lui apprend que Notre-Dame est la propriété du Lancea & Sanctum, et que ses gargouilles sont des automates vivants chargés de surveiller les alentours (cf. Vampire: Le Requiem V1 p. 223). Puis elle laisse Akhim et Samia admirer l’architecture des lieux noircie par les flammes, et en profite pour s’entretenir en aparté avec les PJ.

Dans les faits, Émilienne s’est déplacée en personne pour exercer son influence sur les deux étrangers, mais aussi pour examiner de plus près ces fameux clous. Akhim refusant de coopérer, les Vampires qui l’accompagnent sont tout désignés pour la renseigner. Si ces derniers comportent un membre du Lancea & Sanctum, elle lui ordonne en aparté de fouiller leur chambre à l’hôtel (si ce n’est déjà fait). Sinon, elle n’hésite pas à mettre la pression sur le groupe, en arguant le fait que les Carthiens et leur démocratie de pacotille font courir la menace d’une implosion de leur communauté.

Pourquoi des PJ qui n’appartiennent pas au Lancea & Sanctum accepteraient-ils de l’aider ? Eh bien, leur hôte est membre du Directoire, et en tant que tel a toute autorité sur eux. Néanmoins, elle ne peut se compromettre en menaçant des protégés de Faramont, et donner l’impression qu’elle tente de le doubler. Ils peuvent donc choisir leur camp, ou bien jouer un double-jeu risqué.

Et si les PJ ont déjà tout compris, et qu’ils tiennent absolument à lui faire part de la supercherie? Akhim est aussitôt discrédité. Elle prend sur elle, ne lui en montre rien, et commence à mûrir sa terrible vengeance. Là aussi, prévoir une récompense pour les délateurs. Dans tous les cas, elle leur laisse son numéro de portable. «N’hésitez pas à me contacter s’il y a du nouveau.»

Nuit d’ivresse
Revenons un instant à Louis-Henri d’Aniellet. Les PJ l’ont peut-être déjà aperçu à la réception, ou encore contacté pour le prévenir qu’il est la victime d’une tentative de diffamation. Dans tous les cas, le chef de l’Invictus a mené sa propre enquête et il attend son heure, désormais convaincu d’être le dindon de la farce. Chronologiquement, la fin de la visite des lieux emblématiques précités et la conclusion de l’investigation des PJ marquent le début de la phase où il se décide à intervenir, soit quelques jours après l’arrivée d’Akhim et Samia à Paris.

D’Aniellet opte pour une méthode courante dans le monde des Vampires, en adressant un message explicite à Faramont. Les points faibles d’Akhim étant identifiés et démontrables (ses mensonges, la liaison avec sa goule et la luxure propre à sa nature de Daeva), il compte le discréditer et faire tomber à l’eau les plans du Prince.

À cet instant crucial, Akhim reste introuvable un soir où les PJ viennent le chercher le soir au Paradis. En réalité, il s’est laissé entraîner par deux escort-girls ukrainiennes (des goules de l’Invictus en mission commandée, celles-là même présentes à l’Élysée). Le trio fait actuellement la tournée des lieux les plus «chauds» de la capitale (cabarets, peep-shows, clubs libertins…). D’Aniellet s’est arrangé pour qu’ils soient remarqués par le tout- Paris, mais cela ne lui suffit pas. Il a truffé les deux chambres fouillées de mini-caméras indétectables (leur objectif est de la taille d’un petit pois) pour filmer les ébats d’Akhim et Samia. Le vieux briscard s’est ensuite fait un plaisir d’adresser la vidéo (accompagnée des preuves discréditant les faux clous) à Émilienne, pour diriger sa colère contre Faramont. Dans l’éventualité où les PJ ont déjà dévoilé la machination à Émilienne, celle-ci n’a pas attendu d’Aniellet, et elle prépare actuellement sa réponse (cf. chapitre suivant).

Si les PJ disposent de contacts chez les Daeva, dans le monde de la nuit ou dans la police, il sera aisé de retrouver la trace d’Akhim, qui traîne ses guêtres à Pigalle. Sinon, ils sont baladés de bar en bar s’ils donnent sa description au personnel. Au final, ils assistent à un curieux spectacle, en voyant deux femmes patienter devant l’enseigne d’un salon de massage. Celles-ci sont facilement repérables, et peut-être les ont-ils déjà vues à la réception, car l’une est une blonde vêtue d’une robe blanche, et l’autre une rousse vêtue d’une robe rouge. Il s’agit des escorts de d’Aniellet, qui avouent attendre le retour d’Akhim, actuellement «occupé» à l’intérieur. En insistant fortement auprès d’elles, les filles dévoilent le plan de leur maître.

Dans le salon, Akhim est entre de bonnes mains, allongé nu sur une table de massage en compagnie d’une femme asiatique. Celle-ci prend peur et fuit en voyant les PJ, qui peuvent tenter de raisonner Akhim pour le ramener à l’hôtel, ou se joindre à lui dans une nuit de débauche qui peut donner lieu à un interlude humoristique. Attention, toutefois: il n’est pas loin de la Frénésie suite à ses nombreux excès, et il faudra le gérer (cf. Vampire: Le Requiem V2, p. 104).

Stigmata
La vengeance d’Émilienne est proche, et elle sera terrible. Samia en sera la victime collatérale toute désignée. Au septième jour, désormais mise dans la confidence par d’Aniellet ou les PJ, Émilienne est convaincue qu’Akhim est l’un de ces dépravés de Daeva (ce qui s’avère juste). Elle pense également qu’il est envoyé par l’Invictus d’Orient pour espionner le Directoire parisien (ce qui s’avère faux). Toutefois, elle n’est pas sûre du rôle joué par Faramont, et pour tout dire cette comédie commence à l’agacer. Elle a donc décidé d’envoyer, elle aussi, un message, peu lui importe le destinataire tant qu’il passe. Méfiante, elle redoute cependant de provoquer directement un Vampire, et voit dans la goule d’Akhim le parchemin parfait sur lequel écrire sa missive. Un avertissement de chair et de sang.

Durant la «nuit d’ivresse» d’Akhim, la jeune femme n’a pas souhaité participer aux festivités. Elle préfère bouder seule dans sa chambre pour se consacrer à ses dossiers, en attendant son retour. Bien entendu, elle aura disparu d’ici là. Cette découverte rendra fou de rage Akhim, qu’il est pour l’instant possible de ramener à l’hôtel de différentes façons.
• Les PJ l’ont trouvé au salon de massage. Il est tellement ivre qu’il se laisse guider sans protester.
• Les PJ ont continué la soirée avec lui. Les meilleures choses ont une fin. De la même façon, il se laisse emmener gentiment jusqu’à son hôtel au terme des festivités.
• Les PJ ne l’ont pas trouvé. Ils auront sûrement le réflexe d’aller le chercher au Paradis, où il s’est effectivement rendu (tant bien que mal).

De retour à l’hôtel, après avoir écumé tous les lieux de perdition de la capitale, histoire de terminer en beauté sa semaine parisienne, Akhim se trouve dans un état lamentable. Débraillé, saoul, il a perdu son flegme habituel et tient à peine debout. Cependant, la découverte du rapt de Samia lui fait subitement reprendre ses esprits. Sa chambre est sens dessus dessous, une enveloppe repose sur sa table de nuit avec à l’intérieur sa chaînette dorée. Elle contient aussi l’adresse d’une usine désaffectée de banlieue (ou bien Akhim a ressenti un Appel du Sang émis par sa goule). Il commence à s’en prendre aux PJ, en les accusant d’avoir kidnappé son amante sur l’ordre d’Émilienne. C’est un Vampire en panique qui leur fait face, proche de la Frénésie. Il devient agressif, tombe à genoux, pleure, redevient menaçant… Il n’est pas en état de se battre, l’enjeu consiste surtout à tenter de le raisonner, voire à lui faire avouer le plan de Faramont.

Captive
Peu importent les éventuelles réticences des PJ face à ce qui ressemble fort à un piège, Akhim veut retrouver Samia. Dans l’usine, aucune menace ne se profile et la goule se trouve effectivement là, uniquement vêtue d’une petite culotte. Elle est ligotée à une chaise, au centre exact d’un entrepôt crasseux aux vitres brisées. Ses pieds baignent dans une mare de sang. Des cafards morts sont éparpillés sur ses cuisses, résidus d’un recours au «Fléau du Menteur» (cf. Vampire: Le Requiem V2, p. 154). Le message est clair: un membre important du Lancea & Sanctum (il s’agit d’une discipline de haut niveau) l’a interrogée. Ses mensonges lui ont fait vomir des insectes. On l’a également torturée, car ses pieds et ses mains présentent des stigmates (cf. Vampire: Le Requiem V2, p. 154). La goule respire encore, mais les tentatives de soin n’y font rien. Elle finit par succomber à ses blessures en murmurant «Je… n’ai… rien… dit.»

Akhim la détache et la prend dans ses bras. Le Vampire semble extrêmement affecté. Il déclare ne pas supporter de la voir ainsi, lui qui n’a jamais voulu altérer sa peau, même pour marquer son appartenance. Il se sait maintenant démasqué par ses ennemis mais peu lui importe, il est l’heure de régler ses comptes. Akhim s’écrie soudainement «Faramont, tu vas payer!» Il ne le soupçonne pas un instant d’avoir tué Samia, mais le considère en revanche comme directement responsable de la dégénérescence des événements. En outre, personne ne l’avait alerté des risques encourus. Dès lors, les rôles s’inversent et le manipulateur devient aisément manipulable.

À ce stade, que pensent avoir compris les PJ? Faites un bilan avec eux, sans nécessairement les aider. Ils peuvent ensuite choisir de calmer le jeu ou, au contraire, exciter Akhim. Ils détiennent entre leurs mains une bombe prête à exploser. Les Vampires peuvent ainsi orienter sa colère (d’où le titre!), en fonction de leur allégeance envers Faramont ou Émilienne. Sa décision influencera le final, mais les PJ peuvent aussi créer deux groupes pour assister aux événements parallèles.

Chronologiquement, le Prince entame actuellement son dîner avec Ilda (souvenez-vous, la Carthienne du Danemark avec qui il espère nouer une alliance), et Émilienne s’apprête à introniser un nouveau membre du Lancea & Sanctum dans la crypte de l’ancien prieuré de Notre-Dame-des-Champs, rue Pierre-Nicole (rappelez-vous des ragots de la réception). C’est donc le pire moment pour provoquer un scandale.

De nombreux cas de figure sont ici possibles.
Jouez la colère d’Akhim, et laissez les joueurs réagir à son comportement déroutant.
• Les PJ raisonnent Akhim, et le rassurent pour la suite. Justice sera faite, mais il doit se calmer. Celui-ci obtempère docilement, psychologiquement anéanti, et se laisse gentiment reconduire à l’hôtel. Il entre dans sa chambre, puis un bris de verre retentit. La vitre de la fenêtre est cassée, il s’est enfui! Dehors, les PJ le voient éjecter une femme de sa voiture, et démarrer dans un crissement de pneus. Akhim se dirige à fond la gomme vers la cible préalablement désignée par les PJ (Faramont ou Émilienne).
• Les PJ aident Akhim dans sa quête de vengeance. Ils l’accompagnent à l’extérieur de l’usine. Là aussi, il fait sortir une conductrice de son véhicule, et leur demande de monter. Direction le quartier Saint-Michel, où vit Faramont, ou bien rue Pierre-Nicole où Émilienne préside la cérémonie.
• Les PJ préviennent Faramont. On considère dès lors qu’Akhim se rend chez Faramont. Ils voudront sans doute se rendre également sur place, sinon le Prince les demande en renfort.
• Les PJ préfèrent prévenir Émilienne. Un membre du Lancea & Sanctum saura qu’elle se trouve actuellement à Notre-Dame-des-Champs, car tous les membres de la ligue ont été invités et les cérémonies importantes se déroulent là. Idem, on considère qu’Akhim se dirige vers elle. Celle-ci est injoignable (portable éteint, et de toute façon pas de réseau dans la crypte !), ils devront donc se rendre sur place.
• Les PJ appellent la Police. Non pas la police humaine (s’ils le font, ils auront bien du mal à lui expliquer le déroulé des événements), mais la police vampirique. Celle-ci est dirigée par le Commissaire Chassin. Ce dernier n’est pas dans la confidence du plan de Faramont, et il n’est pas très « subtil ». À ses yeux, un voyou s’apprête à attaquer le Prince. « Je m’en doutais bien que c’était une racaille ! » C’est un procédurier, et il demande aux PJ de le rejoindre chez Faramont pour disposer de témoins en prévision d’un jugement.
• Les PJ contactent les Nosferatu. Leur aide est envisageable, si le groupe en compte un ou que le clan leur doit une faveur. Ces derniers sont bien sûr au courant du plan de Faramont, bien que ce dernier n’ait pas jugé bon d’en avertir Troy. Pour mémoire, celui-ci est l’un des Princes du Directoire. En outre, c’est un Nosferatu carthien, il aurait donc toutes les raisons d’être dans la confidence. Troy est conscient d’être la cinquième roue du carrosse, mais il ne veut pas d’histoire, et tient à conserver la stabilité du Directoire. Il suggère aux PJ de créer deux groupes, pour plus de sûreté. L’un calmera le jeu du côté de Faramont, et l’autre apaisera la situation du côté d’Émilienne.
• Les PJ ne font rien. On frappe à leur porte. D’Aniellet en personne se présente à eux (pour rappel, il habite dans l’hôtel). Bien sûr, on l’a alerté de la fugue d’Akhim. Il feint la surprise et l’incompréhension. «Que s’est-il donc passé? Notre invité a-t-il perdu la raison?» Dans le doute, il leur suggère d’aller voir Faramont pour le protéger, et ainsi passer pour le «héros» de l’histoire.

N’hésitez pas à prendre en compte la vitesse de réactivité des PJ, et à faire des tests de Conduite (cf. Vampire Le Requiem V2 p. 166) afin de déterminer plus tard à quel instant ils atteignent leur destination.

Faramont perd le Nord
Akhim fonce comme un boulet de canon vers Faramont. Il connaît l’adresse, pour s’y être rendu à plusieurs reprises. Les PJ prennent connaissance des événements suivants s’ils le suivent. Pénétrer dans l’immeuble n’est pas simple, car il est surveillé en permanence par deux goules armées du Commissaire Chassin, réfugiées dans un fourgon noir garé dans la rue. En outre, le garde du corps d’Ilda (Tor), un Gangrel aux allures de Viking, est posté à l’entrée. Si les Vampires ont appelé le Prince, les sentinelles ont pour ordre de les laisser passer, et de stopper Akhim. Sinon, ils doivent entrer en force. Les PJ présents peuvent assister Faramont, ou aider son agresseur à leurs risques et périls.

Le Prince se trouve dans ses appartements privés, où il dîne avec la Carthienne danoise. Akhim va faire irruption comme un chien dans un jeu de quilles au sein de ce cadre romantique. Dès qu’il voit Faramont, son «ami» l’invective en arabe, puis l’accuse en français de s’être servi de lui. Il le considère comme personnellement responsable de la mort de sa goule. Le Prince se retrouve pris à son propre piège, en tenaille entre le Nord et le Sud. Il risque de perdre la face devant Ilda, susceptible de raconter le spectacle pathétique auquel elle assiste. L’événement peut aussi entraîner un incident diplomatique avec l’Afrique du Nord. Personne ne s’y souciera du sort d’une goule, mais si Faramont s’en prend à Akhim il perdra le soutien des Carthiens locaux. Il tente donc de le calmer par la parole en mobilisant tous ses Attributs Sociaux. Sa convive, derrière son visage froid et impassible, s’amuse de la situation (elle reste une Daeva, avec un tempérament très joueur). Quoi qu’il en soit, ces deux Vampires de haut rang ne s’abaissent pas à un vulgaire combat (dont ils sortiraient sûrement vainqueurs).
• Si quelqu’un parle au Prince du décès de Samia, et de son martyr, il ne peut que constater l’usage illégal de la Sorcellerie Thébaine. La goule était en effet son invitée sur le territoire parisien. Voilà un bon argument pour faire entendre raison à Akhim, à qui il assure que le Lancea & Sanctum sera sanctionné comme il se doit pour cette offense. Dans un souci d’apaisement, il lui propose même de faire rapatrier son corps en Algérie, pour un enterrement en bonne et due forme. Par la même occasion, il propose aussi à son vieux camarade d’être exfiltré de France (cette mission peut faire l’objet d’un futur scénario).
• Si le Commissaire Chassin est là, Faramont se trouve contrarié car il ne voulait surtout pas que l’affaire remonte aux oreilles du Haut Juge Mercier, et devienne publique. Plusieurs Vampires de la Police neutralisent Akhim dès son arrivée, et même les PJ s’ils l’accompagnent. À eux de démontrer par la suite qu’ils tentaient de le contrôler, et non de l’aider. Si Chassin a entendu l’histoire de Samia, il ajoute Émilienne à la liste des inculpés. En outre, sa présence prive Faramont de toute possibilité de négociation avec Akhim.

De nombreux autres facteurs peuvent encore complexifier cette scène digne d’un vaudeville. Les PJ sont-ils arrivés avant ou après Akhim? Faramont se fait-il surprendre, ou est-il prévenu en amont? Vous devrez bien entendu adapter le fil des événements en fonction des actions des joueurs.

Crise de foi
Ici, Akhim fonce droit vers la crypte de l’ancien prieuré de Notre-Dame-des-Champs. Émilienne mène alors un rituel de création (cf. Vampire: Le Requiem V1, p. 57). En cette heure tardive, le Lancea & Sanctum accueille en effet un nouvel infant (souvenez-vous des rumeurs de l’Élysée). Elle tient à célébrer la cérémonie en personne. Toute la société vampirique a connaissance de l’événement, mais seuls les membres de la ligue sont conviés.

La cathédrale est surveillée par les gargouilles, et les non-membres du Lancea & Sanctum sont attaqués s’ils approchent de l’édifice. Quand les PJ entrent, Émilienne ne semble pas perturbée et continue à réciter des psaumes face à un homme agenouillé, entourée de fidèles en robes blanches. Sous les accusations d’Akhim, elle reconnaît avoir mené l’interrogatoire de Samia (l’Inquisiteur de la ligue ne se consacre qu’aux affaires internes). Elle s’avoue impressionnée par la volonté de la goule puis demande aux intrus de quitter les lieux. La Gangrel leur tourne le dos, et poursuit le rituel. Elle s’apprête à brûler le torse du Vampire à genoux à l’aide d’un tison, accentuant un peu plus la colère d’Akhim par son indifférence (volontaire).

Celui-ci approche d’elle. Un combat paraît inévitable. Émilienne demande alors au nouvel infant de prouver sa valeur en combattant. Attention: s’opposer à un Prince est un acte grave. Il vaut mieux laisser Akhim se dépatouiller et l’utiliser comme «fusible», avant de tenter un mea culpa auprès de la Gangrel, qui fera preuve de miséricorde envers ces jeunes Vampires naïfs manipulés par Faramont. Cependant, ils récolteront une dette de sang.

Dans ce cas, pour éviter la sanction, Émilienne leur réclame une preuve d’allégeance. En fouillant dans le costume du Daeva neutralisé, elle trouve l’écrin contenant les faux clous sacrés. Elle demande alors aux PJ de retourner au hangar où ils ont trouvé Samia, de faire disparaître la preuve (le corps), puis de crucifier Akhim au sol sans pour autant le tuer. Ce dernier message se destine à Faramont.

État des lieux
Rien ne va plus pour le Prince de Paris. Les ragots se répandent à Paris comme une traînée de poudre. Leur origine peut varier. La virée nocturne d’Akhim, la découverte du corps de sa goule, le scandale lors d’une cérémonie du Lancea & Sanctum… D’Aniellet prend un malin plaisir à les alimenter, et comme souvent les Vampires en tirent des conclusions erronées.

Force est de constater que le plan de Faramont ne s’est pas déroulé exactement comme prévu, entre Akhim en roue libre et les suspicions d’Émilienne qu’il devine persistantes à son encontre. Sans doute a-t-il surestimé la fiabilité de son ami. Comment les choses ont-elles ainsi pu dégénérer? La fourberie de d’Aniellet n’y est sans doute pas étrangère. Toujours est-il que la situation est devenue extrêmement tendue entre les Princes de la capitale. Faramont essaye de calmer le jeu de tous les côtés, car le Lancea & Sanctum et l’Invictus multiplient les pressions pour profiter de leur avantage temporaire. Certains Mekhets de son propre clan n’hésitent pas à tenter de le déstabiliser, pour accomplir leur rêve d’anarchie totale. L’Ordo Dracul et les Sorcières de la Guenaude restent en retrait, préférant se concentrer sur leurs propres affaires.

À l’étranger, les Carthiens d’Afrique du Nord ont rompu toute relation diplomatique avec la France. Le sort réservé à Akhim (jugement, crucifixion…) leur a moyennement plu (sauf en cas d’exfiltration). Concernant Ilda, les dommages collatéraux sont réduits. La Walkyrie sait tenir sa langue. En outre, elle connaît assez bien les Carthiens pour ne pas avoir espéré grand-chose de cette volonté d’unification. Pour tout dire, l’événement l’a distraite. Elle a pu profiter de son séjour à Paris, loin des mornes décors de son Danemark. Elle n’en tient donc pas rigueur à Faramont, pour qui elle entretient toujours un certain attrait. Par la suite, elle entretiendra avec lui une «correspondance intime».

Pour l’heure, le Mekhet reste le Prince de Paris le plus puissant. Les PJ auront eu tout intérêt à prendre son parti, car il a la rancune tenace. En attendant un apaisement de la situation, Faramont rumine dans son coin en préparant sa prochaine offensive. Il fait profil bas envers Émilienne, qui considère l’affaire close et n’ira pas plus loin dans les représailles. Cependant, il se pourrait fort bien que d’Aniellet devienne bientôt, pour lui, une cible toute désignée…

Laisser un commentaire