Edito du n° 48

Il y a quelques années, au cours d’une table ronde sur un séminaire très sérieux autour des JdR, les intervenants débattaient des évolutions de notre loisir. Tout le monde avait alors en tête la contraction inexorable des ventes de ces publications. Parler d’avenir dans cette salle clairsemée avec des intervenants qui ne publiaient plus grand-chose depuis des années, à part de longs messages s’apparentant à des monologues sur des forums, était tout simplement surréaliste.

Les plus optimistes parlaient d’un rebond grâce aux tables virtuelles en ligne. L’auditoire hochait la tête comme un seul homme, bien que les questions trahissaient que bon nombre n’avaient fait fonctionner une telle interface. Quelqu’un demanda la parole pour nous interroger sur les émissions enregistrées. Il évoqua les premiers podcasts enregistrés en cours de jeu, ainsi que les débriefings enregistrés de parties (exercice étrange car on écoute des gens parler d’une partie qu’on n’a même pas entendue, plus étrange encore quand on ne connaît rien du jeu en question). Cette prise de parole laissa tout le monde de glace. Quand la salle se vida, ce collège d’expert ressassa bien des questions. Nul ne mentionna cette intervention. Pour ma part, je repensais à des essais réalisés près de quinze ans plus tôt chez moi, entre amis, qui ne m’avaient guère convaincu. Entre temps, quand l’occasion s’était présentée de réitérer l’expérience de manière professionnelle pour les bonus DVD des Chroniques de la Guerre de Lodoss, nous avions pris le parti d’intégrer des images de l’anime à notre partie pour illustrer le JdR afin que tout le monde comprenne, en plus du dispositif, ce qui se passait dans la tête des joueurs et de leur meneur de jeu au cours de ces conversations si peu télégéniques. Les années ont passé, et nous vivons une époque de prolifération d’Actual Play en vidéo. Les précautions prises pour ces DVD ne sont plus nécessaires. Les internautes regardent des joueurs ou même des acteurs «jouer au jeu de rôle» comme s’ils suivaient un drama à la TV ou sur une plateforme de contenu audiovisuel. Et nous aurons cette année ou l’an prochain, la publication des premiers JdR officiels dérivés de ces productions audiovisuelles via les plateformes participatives (alors que le PDF n’a toujours pas été chassé par les ePub).

Décidément, le monde a bien changé, y compris celui du JdR. Et c’est sans doute grâce à cela que les publications rôlistes non seulement survivront mais connaîtront un nouvel essor.

Sébastien Célerin

 

TITAM - JDR Mag 48 - Edito

 

Si vous souhaitez ce numéro, c’est ICI.
En version numérique, c’est ICI.

Laisser un commentaire